| 25 JUIN 2011 - Hello ! J'ai vu que vous étiez nombreux à vous intéresser aux lasagnes. Moi aussi je continue et "ma" lasagne (expérimentale) dépasse toutes les espérances. C'est un mode de culture prodigieux avec une rapidité de croissance qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Je n'ai pas essayé en pot. C'est évidemment possible : le principe de décomposition (chaleur) et de légéreté du "sol" composite va forcément favoriser le développement des plantes. Je vais essayer dès maintenant et vous indiquez les résultats, ici. En attendant, vous pouvez m'écrie, tout simplement : paul.keirn@gmail.com |
La technique du jardin en lasagnes
Tout le monde connait les lasagnes, ce plat italien constitué de plaques de pâtes en alternance avec des couches de sauce bolognaise et béchamel, sans oublier le fromage. On retrouve cette idée de couches alternées dans le mode de préparation du sol alternant des couches végétales variées favorables à la pousse des plantes potagères ou ornementales. L’intérêt de la préparation du sol en « lasagne » ( « lasagna gardening »,« lasagna bed » en anglais) est d’obtenir quantité de légumes et fleurs sur les sols quasi-abandonnés avec des « plus » non négligeable : le recyclage de tous les déchets verts et ménagers. Cours, terrasses, toitures, carrés et même dalle de béton, profitent de ce qui ne sera seulement un effet de mode, mais un réel mode de réappropriation du sol à peu de frais. Sans doute la crise est-elle passée par là, mais aussi une réelle prise de conscience de la valorisation des déchets, du recyclable, du développement durable et en matière de culture la notion de permaculture. Autre avantage : sur un sol caillouteux ou très dur, pas besoin de bêcher !
C’est Patricia Lanza qui a mis au point la culture en lasagnes dans les années 90. Voici la très américaine « succes story » de la culture en lasagnes : Patricia avait très envie d’entourer son auberge des Monts Catskill d’un joli jardin (les Monts Catskill se situent dans le Nord-est des Appalaches, une centaine de kilomètres au nord-ouest de New York), mais le sol ne s’y prêtait pas vraiment : un mélange de roche et d’argile, qui avait déjà mis fin aux pales de son motoculteur. Elle allait faire le deuil de son idée de jardin quand, se promenant dans une forêt voisine, elle y eut une idée aussi simple que prometteuse. "J'y ai découvert comment la nature arrivait sans motoculteur à faire pousser des plantes, simplement en utilisant les couches de feuilles et autres résidus végétaux tombant au sol et se décomposant".
Elle essaya de reproduire la nature dans son jardin. Elle commença par disposer sur le sol des cartons et des journaux pour étouffer les mauvaises herbes, puis elle ajouta une bonne couche de tontes de pelouse, de feuilles mortes, de paille et enfin de fumier de cheval. Puis elle recouvrit le tout de tourbe. Le tas mesurait pas loin d'un mètre ! Au fil des semaines il se tassa et quand il atteignit 30 cm, elle y sema des légumes. Quelle ne fut pas sa surprise de les voir pousser très rapidement, sans mauvaises herbes et avec peu d'arrosage. Le jardinage en lasagnes était né. Elle venait d'inventer le "lasagna bed" ou "jardin instantané". Depuis elle a publié plusieurs livres vendus aujourd'hui à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier.
Technique :
- Disposer des cartons et des journaux
- Ajouter une bonne couche de tontes de pelouse, de feuilles mortes, de la paille et du fumier de cheval .
- Recouvrir le tout de tourbe. Le tas obtenu mesure 1 mètre
Quand le tas s'est tassé (il mesure alors 30 cm) semer et planter.
| Finalement, pour avoir lu des dizaines d’expériences, comme en cuisine, chacun fait sa recette de lasagnes…Le principe essentiel à retenir est le suivant : l’alternance de déchets verts (tontes de gazon fraîches, "mauvaises herbes", déchets de cuisine...) et de déchets bruns (broyats de branches, cartons, tontes de gazon sèches, paille, feuilles mortes). En voici une : |
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1 : commencer par faucher les herbes folles en prenant soin de les disperser sur toute la surface.
2 : couvrir le sol destiné à la préparation en lasagne de cartons. Il s’agit du carton ondulé marron (non vernissé). De celui que l’on trouve au sortir de
toutes les grandes surfaces. Certains étendent des couches de journaux. Il semble que le carton soit plus approprié . Sur des sols où la végétation est forte, mettre deux couches de carton en
quinconce.
3 : étaler sur 20 cm d’épaisseur des déchets verts. « Mauvaises herbes » (pas si mauvaises), déchets de légumes (sauf les légumes soufrés, tels que les oignons) , taille de haies, foin, paille, tontes de gazon et, c’est le moment, fleurs et feuilles mortes. Tout ce qui est vert donc, sauf des conifères qui mettent trop longtemps à se décomposer et modifient le PH vers l’acidité. Les orties et la consoude sont plus que bienvenues, elles améliorent considérablement ce nouveau sol.
L’idéal, mais non nécessaire, est que la couche finale soit faite d’orties éparpillées.
La couche doit être un peu plus épaisse au bord. Il faut à tout prix éviter la pose en dôme, avec davantage de végétaux au centre. Cette précaution facilitera l’arrosage et évitera le tassement de la bordure de la zone « lasagnée » .
Jusque là, rien qui fasse penser aux lasagnes de nos assiettes. L’étape suivante permet de comprendre le nom choisi pour cette technique d’assolement sans charrue.
4 : nouvelle couche : du compost à bonne maturation sur 10 cm d’épaisseur( ou même en cours de compostage. Dans ce cas on ajoutera une fine couche de terreau par-dessus).
5 : arroser, arroser, et pour finir…arroser. Le sol doit être détrempé . L’eau va accélérer la vie bactérienne et donc la décomposition.
C’est fait ? Oui ! Eh bien maintenant vous pouvez planter. Sur le sol en lasagne, on ne sème pas, on plante directement. Le résultat de votre travail est quasi-immédiat.
6 : planter
Comment planter ?
Comme on le ferait sur une plate-bande normale. N’hésitez pas espacer davantage les mini-mottes compte tenu de la vigueur du développement des plantes sur ce sol. La mini motte est placée au contact des déchets verts en décomposition, le compost est tassé autour du plant en forme d’assiette creuse.
7 : arroser chaque plant là où le compost a été tassé en forme d’assiette. Le sol sera détrempé. Il faudra répéter cette opération trois jours de suite. Ensuite l’arrosage est simplement régulier, comme vous le feriez dans un potager ‘normal’ .
Arrosée comme il faut, les plants vont mieux prendre que s’ils avaient été plantés en pleine terre et il a été constaté à de nombreuses reprises que les plants se développent plus vite sur cette préparation en lasagnes que dans un potager classique.
La lasage perdra du volume à mesure que les déchets verts se décomposeront. C’est normal. Cependant le sol s’est largement amendé du fait de son aération, des vers (qui adorent le carton) et des bactéries .
Les légumes récoltés, les fleurs cueillies, quelle suite adopter : soit édifier une nouvelle lasagne sur l'ancienne, soit reprendre la culture classique si le sol est devenu de bonne qualité.
Deux conseils supplémentaires, glanés ça et là :
peindre les bordures du « lit en lasagne » en noir. Ce faisant les rayons du soleil seront mieux absorbés et réchaufferont plus vite la plantation.
Le paillage de la surface évite de nouvelles herbes folles et surtout limite les chocs thermiques jour-nuit, ce qu’apprécient les plantes.
Suivons en images Madame Marylin Johnson, avec ses commentaires. Sa technique est de multiplier les couches au maximum. Heureusement on peut faire plus simple, mais c'est un très bon exemple. Greetings Marylin !
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Voici le "lit" prêt pour les lasagnes... |
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avec au fond une bonne couche de compost déjà ancien |
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Tous les ingrédients ont été préparés à l'avance |
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Fanes de haricots d'un côté |
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La paille et le foin |
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D'autres déchets verts bons pour le recyclage |
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Sans oublier, très important, la tourbe |
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Marylin commence toujours par une couche de compost |
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Puis viennent les fanes de haricots (ou autres déchets verts) |
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Une couche de tourbe |
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Puis une couche de paillle |
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Et on arrose |
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Encore une couche de tourbe |
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Et on arrose à nouveau |
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Une nouvelle couche de déchets verts variés |
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Une couche de feuilles mortes |
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Re(tourbe) |
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Copieux arrosage |
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Du compost plus récent, celui de l'an dernier |
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Et pour finir, de la tonte de gazon qui, dit Marylin, apporte pas mal de nitrates naturels. |
Maintenant, c'est à vous !
Faites des photos, envoyez-les et faisons le point ensemble...A bientôt
Paul
Une autre « recette » de lasagne en provenance de Plouarzel :
« Les enfants ont délimité la grandeur de leur potager : 5m de long sur 3 de large : six enfants, pour isoler le sol existant ont posé d’abord les cartons puis du papier journal, qu’ils ont arrosé. L’autre groupe d’enfants a rempli une brouette de gazon fraîchement tondu, l’a déchargé et en utilisant des râteaux, a étalé cette couche sur 15 cm d’épaisseur.
Ensuite ce fut l’étalement d’une couche du fumier de cheval sur 10 cm, puis à nouveau du gazon 15 cm puis une couche de terreau sur 10 cm, puis l’égalisation, et on reprend avec une couche de fumier de cheval et les enfants ont terminé par le terreau.
Cet ensemble de couches successives se monte à 50 cm de hauteur. Les enfants ont achevé le travail en arrosant beaucoup car toutes les couches doivent être humides. Le lendemain il pleuvait, il a fallu faire preuve de patience car on doit attendre le beau temps pour planter.
Le surlendemain, les enfants ont planté des godets pour un coin fraisiers, puis des godets pour un coin de plantes aromatiques. Ils ont même planté une « carde décorative ».Trois jours après les lombrics commencent leur œuvre. En effet, l’employé communal a appris aux enfants que grâce à l’humidification , les lombrics travaillent pour l’homme , qu’ils sont très utiles puisque ce sont eux qui font le mélange entre le sol existant et les différentes couches de matériaux apportés sur le terrain. En plus il est inutile d’utiliser de l’engrais.
Avec cette technique on a moins d’herbes folles et la croissance est multipliée par 3. L’intérêt est qu’avec même un sol pauvre, on peut créer son potager et sans avoir à préparer la terre ; c’est une technique peu contraignante. Chacun peut s’y mettre en récupérant uniquement les matériaux.
Les enfants ont vérifié quotidiennement la pousse de leurs plants, avant et après l’école les mercredis car la maison de l’Enfance est ouverte tous les jours. En juin ils ont plaisir à cueillir les fraises, à les offrir aux copains,
La difficulté rencontrée : Notre action a débuté trop tôt dans la saison pour planter des courgettes, des salades qui auraient donné des productions plus « visibles » aux enfants. »
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