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Natures Paul Keirn NATURES, SCIENCE & TRADITIONS, CONSOMMATION & SANTÉ

Le vinaigre des quatre voleurs - Peste de 1626 et AH1N1

21 Novembre 2009 , Rédigé par Paul Keirn Publié dans #PLANTES & ETHNOBOTANIQUE

Lors de la terrible épidémie de peste qui mortifia la ville de Toulouse entre 1626 et 1631,  tuant 20% de la population, quatre voleurs eurent encore l'audace de détrousser les pestiférés morts ou mourants, et ce, sans être eux-mêmes contaminés ! Ils entraient dans les maisons, là où personne n’osait s'avancer pour dépouiller les innombrables victimes de la peste.
D'où leur venait cette assurance ?




.
1626 - 1631, la plus meurtrière épidémie de peste à Toulouse au XVIIème siècle fait environ 10 000 morts sur un total de 50000 habitants. On compte plus de 5000 mendiants. L’augmentation considérable de la délinquance due à la pauvreté extrême met en danger l’ordre public. Cette situation est la même dans toute la France. Une législation plus répressive est mise en place . Elle aboutit quelques années plus tard à la politique de Grand Renfermement. 1628 n'est de plus pas clémente : «on meure autant de peste que de froid».
Beaucoup d’élites locales fuient, dont des médecins 
Le 17 juin 1629, tous les malades soignés à l’Hôpital Saint-Sébastien des Pestiférés meurent par contagion. On en profite alors pour
désinfecter les locaux.




Un texte parfaitement lisible, si l'on identifie bien les "F sans barre" comme les "S" d'aujoud'hui.

C'est auffi fimple que ça !




























Le corps médical de l'époque était aussi protégé que possible. Le "bec" était rempli de romarin, non pas pour combattre les microbes qui n'étaient pas encore identifiés comme tels, mais surtout pour attenuer l'odeur, évidemment pestilencielle.













Armé de son bâton, le médecin pouvait accomplir sa lourde tâche. Mais au fait, quels étaient les remèdes proposés ? Les deux pages ci-dessous, écrites par un médecin de l'époque donnent plusieurs solutions.







Les deux premières (ci-dessous) tiennent davantage du rouleau de printemps et du chapati que de remèdes sérieux. La troisième "recette", page 27, est plus dans la logique de la connaissance des plantes.
Les connaissances médicales frisent le zéro absolu et paraissent inférieures aux connaissances de la grèce antique. Il y a fort à parier que les savoir-faire populaires, tout emprunt qu'ils étaient de croyances baroques, étaient plus en phase avec la réalité.

C'est ce que tend à prouver l'affaire des quatre voleurs.
Ils sont arrêtés...

























Il est ici question de la "Thériaque", remède important dont Wikipédia (la grande encyclopédie collaborative) parle :

"La thériaque (appelée θηριον par les Grecs) est un célèbre contrepoison décrit pour la première fois par Andromaque, médecin de Néron. Autre appellation : Mithridat, du Roi Mithridate qui s'en servait comme contrepoison.[1]

S'inspirant du contrepoison de Mithridate, Andromaque décrit en vers élégiaques un mélange de plus de cinquante drogues, plantes et autres ingrédients dont le castoréum, l'opium, la vipère et la scille. Au IIe siècle, le médecin grec Galien inventa la thériade, qui fut au contraire, le premier antidote contre les poisons à base de jus de pavot.

  • Préparée par les apothicaires, la composition de la thériaque a beaucoup varié. Celles préparées à Venise et Montpellier étaient très réputées.
  • Du fait de nombreuses fraudes durant sa fabrication, les apothicaires
    parisiens décidèrent au
    XVIIe siècle de la préparer en public devant

     des médecins et des représentant des autorités. C'est
    Moïse Charas qui le premier, en 1667, rendit sa formule publique. Il la préparait au cours de la semaine de la thériaque, vers le mois de février. Sa préparation nécessitait plus d'un an et demi (car elle devait fermenter) et faisait appel à plusieurs dizaines d'ingrédients végétaux, minéraux et animaux des plus variés, sans compter le vin et le miel : gentiane, poivre, myrrhe, acacia, rose, iris, rue, valériane, millepertuis, fenouil, anis ainsi que de la chair séchée de vipère et de castor.



    Les 4 voleurs emprisonnés déclarèrent détenir une formule secrète qui les protégeait de la contagion; ils acceptaient de la dévoiler pour peu qu'on leur laisse la vie sauve. On le leur promit; on prit note de leur formule, puis on les pendit au lieu de les brûler vif.
    D'autres brigands à Marseille suivirent l'exemple des voleurs de Toulouse, durant l'épidémie de peste de 1720. Egalement emprisonnés, ils se virent promettre la vie sauve en échange de leur secret ; dans leur cas, les juges se montrèrent plus clément et tinrent parole. La formule du vinaigre des quatre voleurs de Marseille, ne diffère pas fondamentalement de celle de leurs collègues Toulousains.

    Comme toujours sur internet, chaque site présente sa formule du V4V comme la vraie. L'essentiel est finalement de comprendre qu'il est composé de plantes dites aromatiques, plantes aujourd'hui parfaitement analysées et dont nos avons la preuve qu'elles ont des vertus antibiotiques :
  • Lisons :
    -------
    "La formule est la suivante:
    pendant dix jours, laisser macérer dans 2,5 litres de vinaigre 40g d'absinthe, 40g de romarin, 40g de sauge, 40g de menthe, 40g de rue, 40g de lavande, 5g de cannelle, 5g de tournesol, 5g de muscade et 5g d'ail, mélange auquel il convient d'ajouter 10g de camphre dissous dans 4g d'acide acétique; le produit est à usage exclusivement externe."

    -------
    "inscrite au Codex de la Pharmacopée française sous le nom de « Vinaigre antiseptique ». Ce vinaigre était composé de : Romarin, Sauge, Lavande, Menthe, Grande absinthe, Petite absinthe, Rue, Calamus, Cannelle, Girofle, Muscade, Ail, Camphre, Acide acétique cristallisé, Vinaigre blanc".
    -------
    Dés lors, le vinaigre des 4 voleurs entra dans l’histoire. Il fut inscrit au Codex dés 1748 et longtemps vendu en pharmacie comme antiseptique naturel d’usage externe.
    •Vinaigre de cidre
    •absinthe
    •lavande
    •romarin
    •sarriette
    •sauge
    •ail
    •cannelle écorce
    •girofle clous
    •Camphre naturel"

    -----------
    "Rentraient dans la composition de ce vinaigre le vinaigre de vin, la sauge, le romarin, l'ail, la menthe, la cannelle, la muscade, le
    camphre, la rue fétide (ou rue officinale)."
    ----------
    "Ce vinaigre était composé de 1 gallon de vinaigre de vin rouge, 1½ once de rue, sauge, menthe, romarin, absinthe et 2 onces de fleurs de lavande, ½ once de camphre et ¼ d'once de cannelle, clou de girofle et ail. Utilisée en salade ou en aromate, la rue est abortive et ne doit pas être consommée par les femmes enceintes. Parfois mortelle : la fille de Titus serait morte d'en avoit trop
    consommé."
    ----------
    "Parmi les remèdes préparés à base de plantes, ” le vinaigre des quatre voleurs”, contre la peste, eut l'honneur de figurer pendant plus de deux siècles dans le codex pharmaceutique.  Reconnaissant les succès obtenus grâce à ces préparations, la faculté les adopta en les modifiant légèrement. Le codex renforça le prestige du ” vinaigre des quatre voleurs” par une adjonction de cannelle et, surtout, d'ail. Ce vinaigre antiseptique fut utilisé pendant fort longtemps et figura dans la pharmacopée jusqu'en 1884. Il était administré pour prévenir les maladies contagieuses: on s'en enduisait le visage et les mains, on le  brûlait dans les maisons, on le faisait respirer en cas de syncope. dans certaines régions de la campagne française, il est encore apprécié."
  • -------

Reprenons la plume.

  • Cette dernière remarque est intéressante. Le "il est encore apprécié" tombe à pic : certains sites le mettent en vente "pour se protéger contre la grippe A H1 N1" ! Les vieilles terreurs ne sont pas loins. Cela dit (en ce 21/11/2009) les premiers cas de mutations du virus viennent d'apparaître...C'est le vrai danger de A H1 N1 et la raison du grand nombre de doses susceptibles d'être mises en circulation. Seule la vaccination est efficace.
  • Une analyse des antibiotiques naturels des plantes s'impose à ce stade. Ce qui ne manquera pas de faire l'objet d'un prochain papier.































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A
mérite beau plus qu' ne recette de vielle grand mère
Répondre
P
C'est le moment de sortir avec un "nez" rempli d'herbes aromatiques antibiotiques. Mais la peste est due à une bactérie...pas un virus.