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Natures Paul Keirn NATURES, SCIENCE & TRADITIONS, CONSOMMATION & SANTÉ

Jean-Marie PELT : le foie et la feuille d'artichaut

22 Septembre 2016 , Rédigé par Paul Keirn

Jean-Marie PELT : le foie et la feuille d'artichaut

A l'occasion des semaines de formations gratuites à la botanique, organisées par l'association Tela Botanica, riches d'enseignements et de partages, j'ai envie de partager ces quelques moments d'un exposé de Jean-Marie PELT, l'un des pères de la phytopharmacologie, l'étude de l'action des plantes sur le corps.

A la 11e minute de ce document, JMP raconte comment son centre d'études à Strasbourg en est venu à se pencher sur l'efficacité des feuilles d'artichauts sur les problèmes hépatiques, à la demande des laboratoires Rosa. L'usage des feuilles d'artichauts est, si l'on était aux Etats-Unis, un remède « GRAS », Generally recognized as safe, "généralement reconnu comme sûr".

Mais comment le prouver scientifiquement ?
La démarche scientifique est analytique : elle découpe l'objet de son étude et étudie l'action de chacune de ses parties. Ainsi dans la feuille d'artichaut on trouve principalement de la cinarine, de la cinaropicrine et des acides alcools comme l'acide citrique, malique (venant des pommes), succinique, tartrique (du mou de vigne) et oxyméthylacrylique. Ces sept molécules ont été retenues pour cette étude.

L'étude a consisté à étudier l'action de chacune de ces molécules chimiques naturelles, extraites de la feuille d'artichaut, sur des rats de laboratoire au foie volontairement « encombré ». Et ce pour estimer et comparer l'action de chacune d'entre elles. Par exemple, pour découvrir une molécule active, alors que toutes les autres sont présentes mais n'ont qu'une action faible ou nulle.


Résultat : aucune de ces molécules n'a eu d'action favorable sur sur les foies engorgés des animaux de laboratoires. Alors, les chercheurs ont eu l'idée suivante : administrer ensemble 2 des 7 molécules aux animaux, puis trois, puis quatre, etc. A mesure que les molécules chimiques étaient recombinées, leur action était de plus en plus favorables pour soigner les foies malades ! Et que, finalement, seul l'équivalent de la feuille d'artichaut était efficace !

La morale de cette histoire...


► n'est pas que la démarche scientifique analytique est mauvaise, bien évidemment, mais qu'elle est limitée en phytopharmacologie par ce qu'elle ne peut qu'ignorer les synergies entre les molécules. Et les synergies sont fondamentales en matière de phyto-pharmacologie. La démarche expérimentale de recherche d'actions de synthèse s'est avérée efficace. Une démarche elle aussi scientifique.

► donne à penser que les remèdes traditionnels, parce qu'ils sont le résultats de milliers d'essais et d'erreurs sont le plus souvent efficaces. Sans quoi ils ne seraient pas parvenus jusqu'à nous. Ils ne feraient pas partie de notre mémoire collective, de notre culture.

► que les marchands de plantes à des fins purement lucratives s'appuient de plus en plus souvent sur les vertus d'une molécule extraite de son environnement chimique : un jour c'est l'INULINE qui dévient la substance miracle ; une autre fois c'est la QUERCETINE, le RESVERATROL etc., etc. (Voire des molécules qui n'existent pas, comme il m'a été donné de le constater. Introuvable dans les bases de données de plus de 100 000 molécules). Il suffit de taper « molécule miracle » dans Google pour s'en convaincre.

► la morale de cette histoire est aussi que la totalité est supérieure à la somme de ses parties. Pas en mathématiques bien sûr, mais en phytopharmacologie : les synergies engendrent ce que JMP appelle l'associativité, c'est-à-dire le fait que la synergie des composants fait apparaître des propriétés nouvelles qu'aucun des composants n'a, pris séparément.
 

Jean-Marie PELT : le foie et la feuille d'artichaut

-o0o-

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