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Natures Paul Keirn NATURES, SCIENCE & TRADITIONS, CONSOMMATION & SANTÉ

RIZ SANS GLUTEN...RIZ GABA...DE QUI SE MOQUE-T-ON ? DE VOUS !

15 Juin 2016 , Rédigé par Paul Keirn

RIZ SANS GLUTEN...RIZ GABA...DE QUI SE MOQUE-T-ON ? DE VOUS !

RIZ SANS GLUTEN...RIZ GABA...DE QUI SE MOQUE-T-ON ? DE VOUS !

Le bio est un marché porteur. Bien qu'occupant encore une faible part du marché, il va croissant d'année en année. C'est bien pour ça qu'on y retrouve désormais tous les margoulins de la planète. Pour qui le bio n'a d'autre intérêt que le chiffre d'affaire qu'il génère.

LE RIZ « SANS GLUTEN » : LE RIZ N'A JAMAIS CONTENU DE GLUTEN !

Tout le monde connaît l'ascension du « sans gluten », relayé par les grandes surfaces de vente pour un marché en pleine expansion sans commune mesure avec le 1% de la population qui souffre vraiment de la maladie coeliaque.
Le riz ne contient pas de gluten et n'en a – naturellement - jamais contenu. Alors apposer « sans gluten » sur un paquet de riz, pour faire croire qu'il s'agit d'un « plus produit », comme disent les marketers, est une forme d'abus de confiance. Comme si on affichait « sans goudron » sur un pot de yaourt !
Sauf que le consommateur ne sait pas forcément que le riz ne contient naturellement pas de gluten.
Quelques sociétés, les plus honnêtes (ou les plus malignes) disent clairement que le riz ne contient pas de gluten mais que des résidus de gluten provenant d'une autre activité industrielle pourraient s'y trouver et font procéder à des analyses qui confirment l'absence totale de la substance maudite.
La plupart ne le dit pas et s'arroge une promesse de plus, caressant le sansgluteniste dans le sens du poil et surtout de l'ouverture de son porte-monnaie
On est en présence d'une de ces promotions complémentaires appuyant la valeur du produit et fonctionnant, non comme une « allégation de santé », mais comme une allégation de non nocivité.

LE RIZ GABA : UN PROMESSE COMMERCIALE SANS FONDEMENT

Evidemment sans gluten lui aussi (pendant qu'on y est), le « riz GABA » commence à envahir les pages d'internet à la suite des compléments alimentaires également vendus sous ce nom. De quoi s'agit-il ?

GABA est une abréviation des chimistes et des physiologistes pour désigner une molécule nommée acide gamma-amino-butyrique. Cet acide aminé est un régulateur de la transmission nerveuse dans le cerveau allant dans le sens de la sédation, du ralentissement. Une molécule naturelle produite par le cerveau et utilisée par celui-ci comme un tranquillisant. Il n'en fallait pas davantage pour que les marchands du temple accourent et mettent en boîte, en tube, en poudre, en cachet cette molécule miracle.
Et comme chacun sait la France est le premier pays d'Europe en termes de consommation de tranquillisants ! Alors si on trouve du GABA dans du riz bio et sans gluten...C'est l'Alléluia du tiroir caisse. Mais voilà, cette promesse est un mensonge.

Allez savoir qui de la ruse commerciale ou de la faible éducation scientifique domine : le GABA ingéré, sous quelque forme que ce soit, n'atteint pas le cerveau, sa cible, là où il serait utile.
En effet, la molécule de GABA transitant par le tube digestif ne franchit pas ce qu'on appelle la barrière hémato-encéphalique. Cette barrière de tissus renforcés qui empêche que la plupart des molécules passent de la circulation sanguine au liquide céphalo-rachidien dans lequel baigne tout notre système nerveux et notamment les neurones.

L'absorption de GABA franchit la barrière stomacale, passe bien des villosités intestinales au sang, mais la barrière hémato-encéphalique joue son rôle protecteur qui l'isole du reste du corps. Rares sont les molécules qui peuvent la franchir : l'alcool, les benzodiazépines (Valium, Tranxène, Xanax), le chloroforme. Et quelques médicaments a effet GABAmimétiques comme le Propofol (anesthésiant) et le Baclofène (myorelaxant). Et de fait ces molécules ont un réel pouvoir sur les récepteurs à GABA. Dans les cas cités, la sédation est au rendez-vous. Pour des explications complémentaires lire http://www.pharmacorama.com/Rubriques/Output/Acides_aminesa2.php

Toutes les descriptions commerciales du rôle bienfaisant du GABA tel qu'il est produit et utilisé par notre système nerveux sont donc parfaitement exactes, sauf qu'il n'est pas précisé qu'il s'agit du GABA endogène (celui que nous produisons nous-même grâce à nos gènes) et non d'un GABA exogène (ingéré sous quelque forme galénique que ce soit) qui lui, n'a aucun effet. Comme disent les marchands : « sans effet secondaire ». Et pour cause ! On peut ajouter sans effet du tout, hormis l'effet placebo qui fait que par auto-suggestion on se sent mieux dès que l'on pense se soigner.

Le GABA est un exemple récent et parlant de tous les abus informatifs à des fins commerciales que nous subissons. Mais parfois il ne s'agit que de la naïveté, l'absence de connaissance scientifique des adeptes des médecines venues d'ailleurs, de naturopathes fraîchement autoproclamés, de toutes ces pratiques médicales qui n'ont d'autres résultats que ceux de l'effet placebo.

TOUJOURS VERIFIER LA BIODISPONIBILITE


Quelle que soit la substance ingérée, on doit toujours se poser la question de sa biodisponibilité. Une molécule active dans les tubes des chimistes peut parfaitement n'avoir aucun effet sur le corps humain car il l'élimine avant même qu'elle puisse agir. Elle peut être détruite, filtrée, désactivée.
Il en va de même de toutes les molécules chimiques naturelles contenues dans les plantes. Leurs actions pharmacologiques (action d'une molécule chimique sur le corps humain) dépend de leur biodisponibilité. Lorsque un article vante les mérites d'une molécule XYZ sur la santé, utilisez votre moteur de recherche préféré et tapez « biodisponibilité de XYZ ». Sans doute serez vous étonné du résultat : une quantité d'études très sérieuses qui démontrent la totale inefficacité de la dite molécule.

Ultime preuve : si le GABA était directement actif, vous le connaîtriez car les grands laboratoires pharmaceutiques s'en seraient emparé et leurs médicaments domineraient très largement les actuels marchands de GABA qui ne sont autres que des officines de compléments alimentaires ou les marchands habituels de poudre de perlimpinpin.



FLASH BACK

Il fut un temps, je pense aux années entre 1968 et 1974, où le bio rimait avec baba cool, génération peace & love, premiers émois haschischins et route vers Katmandou. Pas faux. Le bio accompagnait la démarche du refus de l'industriel, du refus de la guerre (du Viet Nam), du refus de...finalement tout et du retour à la nature. Il n'y avait que 400 000 chômeurs en France et quiconque pouvait faire la fine bouche, refusant le fonctionnariat d'un état perçu comme le Big Brother-Etat policier et refusant le privé pour ne pas entrer dans le jeu capitalistique.

Evidemment, en refusant le public et le privé, il ne restait plus grand chose. Des grappes entières d'étudiants de SUP de CO, entre autres, faisant une croix sur un avenir de cadre pré-programmé par papa-maman, achetaient des lopins de terre et se mettaient à la culture des poireaux. Pour une durée qui dépassait rarement le premier lumbago. On ne s'improvise pas paysan. Surtout sur des terres aussi peu chères que cultivables, depuis longtemps désertées. L'attrait pour le plateau du Larzac allait de paire avec la lutte contre l'extension d'un camp militaire. Gardarem lou Larzac ! L'attrait pour les Cevennes et pour les lieux de révoltes cathares compensaient le très faible attrait de la nourriture, qui se devait d'être cohérente avec la pensée. C'est pourquoi le gomasio abondamment répandu sur le tofu n'aurait admis aucune critique gustative. Au delà du désuet et du folklore étaient présents ces précurseurs, à la voix à peine audible, du mouvement bio et local d'aujourd'hui.

N'évoquer que cet aspect serait oublier l'influence des milieux protestants, très organisés pour ne dire rigides et au sein desquels chacun juge son propre comportement en regard de son impact social. Ce qui n'est pas si mal. Pas d'entremise d'une Eglise-tampon catholique & romaine qui absout tout via la confession : le protestant est seul face à son créateur.
Le naturisme, pas le nudisme, nuance, a été l'axe de la démarche bio de ces milieux à forte conscience morale. Une forme de retour à la nature, au vrai visage des corps, bien loin des couvertures de magazines et à une alimentation saine et donc bio. Un « stage » à Montalivet, premier camp naturiste, permettait d'explorer cette gymnosophie. A noter que le naturisme s'est développé, notamment en Allemagne, en opposition à l'industrialisation naissante au XIXe.
Histoire de montrer qu'il existe une passerelle reliant la mouvance 68tarde et les mouvements réformistes protestants allemands.

Troisième volet incontournable du tryptique bio français: le mouvement de « La vie claire », né en 1946. D'abord un magazine, puis, comme chacun sait, les premiers magasins où l'on peut trouver du bio en milieu urbain. Une très longue histoire, souvent controversée dans ses dérives hygiénistes et « new age » avant l'heure.

Un point commun à ces trois volets : la prééminence d'un regard spécifique sur le monde, sur la vie, avec une exigence de cohérence entre la pensée et l'action, très sartrienne, mais qui conduit parfois à colorer le réel aux couleurs de l'idéologie, au mépris de la science. Et c'est là qu'on peut refermer le flash back, car nous disposons des éléments pour comprendre comment les charlatans, les exploiteurs du bio trouvent un terrain parfait pour vendre du n'importe quoi, mais vendre.

Paul KEIRN



















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