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Natures Paul Keirn NATURES, SCIENCE & TRADITIONS, CONSOMMATION & SANTÉ

CATON L'ANCIEN - De Re Rustica (partie II)

 

LV.  Bois pour le maître.

Serrez dans la bûcherie le bois destiné au propriétaire; laissez au grand air les troncs d'oliviers, et les racines disposées en monceaux.

LVI. Quantité de nourriture pour les gens.

Les travailleurs recevront pour l'hiver quatre boisseaux de froment, et quatre et demi pour l'été ; l'intendant et son épouse, l'agent et le bouvier, chacun trois boisseaux; les esclaves entravés, quatre livres de pain pendant l'hiver, cinq livres depuis l'instant où ils commencent à bècher jusqu'à la maturité des figues: pour le reste du temps la ration sera réduite à quatre livres.

LVII. Quantité de vin pour les gens.

Après la vendange, ils ont de la piquette pour boisson pendant trois mois. Au quatrième mois, ils auront par jour une hemine de vin, c'est-à-dire deux conges et demi par mois; au cinquième, sixième, septième, huitième mois, ils en auront un setier par jour, c'est-à-dire cinq conges par mois, enfin pour le neuvième, dixième et onzième mois, ils en recevront trois hémines par jour, c'est-à-dire une amphore par mois. En outre on donnera un congé à chaque Individu pour les Saturnales et les Compitales. Telle est la quantité de vin que chaque homme consomme dans l'année. On y ajoutera pour les esclaves entravés une ration proportionnée à la somme des travaux : le chiffre de dix quadrantals par année n'est pas trop élevé.

LVIIII. Bonne chère pour les gens.

Conservez la plus grande masse que vous pourrez d'olives tombées spontanément, pour la cuisine des domestiques. Serrez également les olives récoltées à propos, et dont on ne peut tirer qu'une faible quantité d'huile, et ménagez-les, afin que la provision s'épuise le moins qu'il sera possible. Quand les olives seront consommées, donnez de la saumure et du vinaigre. Distribuez à chaque personne un setier d'huile par mois. Un boisseau de sel suffira aux besoins annuels de chaque consommateur.

LIX. Vêtements des gens.

On leur donnera tous les deux ans une tunique de trois pieds et demi de long et des sauies. Toutes les fois qu'on leur fournira une tunique ou une saie neuve, on reprendra la vieille pour en faire des casaques. On leur fournira aussi tous les deux ans une bonne paire de forts souliers.

LX. Aliments des boeufs.

La consommation annuelle de chaque paire de boeufs s'élève à cent vingt muids de lupins, ou deux cent quarante de glands, cinq cent quatre-vingts livres de foin et autant de dragée, vingt muids de féverolles, trente muids de vesces. Semez donc assez de vesces pour pouvoir en laisser monter en graines. Pour le fourrage, semez-le à plusieurs reprises différentes.

LXI. Manière de cultiver les champs.

Quel est le premier principe d'une bonne agricuture? c'est de bien labourer. Quel est le second? c'est de labourer. Quel est le troisième? c'est de fumer. Celui qui remuera fréquemment et profondément la terre couverte d'oliviers, détruira jusqu'aux moindres chevelus des racines; celui qui labourera superficiellement, forcera les racines à ramper à la surface, à prendre un développement exagéré, qui absorbera la force végétative de l'olivier. (Quand vous labourerez pour du froment, faites-le convenablement, à temps opportun, et non lorsque la terre est à moitié trempée). Les autres soins de culture consistent à beaucoup planter, à enlever soigneusement les jeunes sujets, et à les replacer à propos, en laissant beaucoup de terre autour de leurs nombreuses racines. Une fois les racines bien cou-vertes, piétinez la terre, afin d'empêcher l'eau de leur nuire. Si l'on veut savoir à quelle époque il convient de planter les oliviers, je répondrai que c'est pendant la semaine si le terrain est sec, et au printemps s'il est gras.

LXII. Nombre de chars.

Vous aurez autant de chars que de paires de boeufs, de mulets, et d'ânes.

LXIII. Longueur des courroies.

Le câble de pressoir aura cinquante-cinq pieds de long; la courroie des chars aura soixante pieds, les guides vingt-six pieds; les courroies de jougs pour les chars dix-huit pieds; la petite corde quinze pieds; les courroies de jougs pour les charrues auront seize pieds, et la courroie huit pieds.

LXIV. Cueillette de l'olive.

Cueillez l'olive aussitôt qu'elle est mûre, et ne la laissez que le moins possible sur la terre et sur le plancher, car elle y pourrit. Ceux qui font la récolte désirent qu'il y ait beaucoup d'olives tombées, afin d'aller plus vite en besogne. Les pressureurs souhaitent qu'elles séjournent longtemps sur le plancher, afin qu'elles blétissent et s'expriment avec plus de facilité. Ne croyez pas que l'olive prenne de l'accroissement sur le plancher. Plus vous mettrez de promptitude dans le travail, mieux vous vous en trouverez, soit pour la quantité, soit pour la qualité de l'huile que vous obtiendrez du même nombre de boisseaux d'olives récoltées. L'olive qui a séjourné longtemps sur la terre ou sur le plancher donne une huile moins abondante et moins délicate. Transvasez l'huile deux fois par jour, si vous le pouvez; car l'huile qui demeure longtemps en contact avec les mares et les lies devient très mauvaise.

LXV. Manière de faire l'huile verte.

On ne laisse l'olive que le moins de temps possible sur la terre. Si elle est sale, lavez-la, séparez-la des feuilles et des impuretés; travaillez-la te surlendemain ou le troisième Jour. Cueillez l'olive dès qu'elle est noire. L'huile sera d'autant plus estimée que l'olive sera plus acerbe : néanmoins le propriétaire trouvera un très grand avantage à ne travailler que des fruits bien mûrs. Si lors de la récolte les olives sont frappées par la gelée, il ne faut les pressurer que le troisième ou le quatrième jour. Si vous le jugez convenable, vous les saupoudrerez de sel. Ayez soin que les celliers et les pressoirs soient portés à une chaleur très élevée.

LXVI. Devoirs du surveillant et du livreur.

II aura un oeil vigilant sur le pressoir et sur le cellier. Autant que possible il n'y laissera pénétrer aucun étranger. Il fera apporter dans toute, les manipulations la plus sévère propreté et les soins les plus minutieux; il aura soin qu'on ne se serve que de vases en cuivre, et que les noyaux n'entrent pas dans la composition de l'huile; s'il en était autrement, l'huile aurait une saveur désagréable. Revêtez de plomb la fosse où doit couler l'huile. Aussitôt que les pressureurs ont donné une pression avec le levier, le sommeiller saisit son bassin, et enlève l'huile rapidement et soigneusement, et sans interruption. Qu'il prenne garde de ne pas enlever l'amourque. On déposera d'abord l'huile dans une cuve, puis dans une jatte. On sortira toujours de ces vases les lies et l'amourque. Sitôt que l'huile sera sortie de la fosse, on enlèvera tous les dépôts.

LXVII. Devoirs du surveillant au pressoir.

Les ouvriers occupés au pressoir tiendrait toujours leurs vases propres, et s'efforceront de bien pressurer les olives jusqu'à ce qu'elles soient épuisées. Ils ne devront pas charpenter de bois dans le pressoir, mais enlever souvent l'huile fabriquée. Pour chaque pain pressuré on donnera aux ouvriers un setier d'huile, et de plus ce qui est nécessaire pour alimenter la lampe. Tous les jours on emportera les lies, et on enlèvera l'amourque qui s'est déposée jusqu'à ce que l'huile ait été transvasée dans la dernière tonne qui se trouve dans le cellier. On passera l'éponge dans les cabacs. Tous les jours on transvasera l'huile jusqu'à ce qu'elle soit entonnée. On surveillera sévèrement au pressoir et au cellier, afin qu'on ne dérobe aucune portion d'huile fabriquée.

LXVIIl. Suspendre les ustensiles employés à la fabrication de l'huile et du vin.

Après la récolte du vin et de l'olive, relevez les arbres des pressoirs, serrez dans le garde-manger ou sur les arbres eux-mêmes, les câbles et les cordages; remettez à leur place les poulies, les aiguilles, les leviers, les rouleaux de bois, les caban, les paniers, les corbeilles, les pressoirs, les échelles, et toutes les barres qu'on aura employées.

LXIX. Manière d'enduire les futailles.

Laissez-les pendant sept jours remplies d'amurque, mouillez tous les jours, soutirez ensuite l'amurque, et laissez sécher les futailles. Lorsqu'elles seront asséchées, enduisez-les avec une dissolution de gomme préparée deux jours auparavant. Chauffez les futailles un peu moins que pour les enduire de poix ; de légers copeaux suffiront. Lorsqu'elles seront modérément échauffées, on les aspergera d'eau de gomme et on frictionnera. Quatre livres de gomme suffiront pour un fût de cinquante setiers, si l'on a soin de bien frotter.

LXX. Recette contre les maladies des boeufs.

Si vous redoutez l'invasion d'une maladie, administrez-leur une potion formée de trois grains de sel, de trois feuilles de laurier, de trois feuilles de poireaux, trois gouttes de rocamboles, trois d'ail, trois grains d'encens, trois tiges de sabine, trois feuilles de rue, trois tiges de bryonne, trois fèves blanches, trois charbons ardents et trois setiers de vin. On se tiendra debout pendant qu'on récoltera, qu'on broiera et qu'on administrera cette potion; on devra aussi être à jeun. On la fera avaler à chaque boeuf pendant trois jours en trois fois, et on aura soin de fractionner la dose de manière qu'il ne reste plus rien après en avoir administré trois fois à chacun. Recommandez que le boeuf qu'on médicamente et celui qui le sert soient debout, et qu'on emploie un vase en bois.

LXXI. Traitement des boeufs au débat d'une maladie.

Si les animaux sont déjà souffrants, donnez-leur immédiatement un oeuf cru de poule, qu'ils avaleront sans le briser. Le lendemain faites-leur prendre une tête d'oignon broyée dans une hémine de vin. Le boeuf et l'opérateur seront debout et à jeun pendant l'opération.

LXXII. Manière de prévenir les fissures des sabots.

Afin que les boeufs ne dégradent point leurs sabots, enduisez de poix fluide le dessous de la corne avant qu'ils n'entreprennent quelque voyage que ce soit.

LXXIlI. Manière d'administrer les médicaments aux boeufs.

Tous les ans, aussitôt que les raisins commenceront à noircir, administrez aux boeufs un médicament qui les préserve de maladie. Quand vous verrez la dépouille d'un serpent, prenez-la et mettez-la en réserve, pour ne pas la chercher au moment du besoin. Broyez cette peau avec de la farine, du sel, et du serpolet; délayez dans du vin, et vous donnerez à boire cette potion à tous vos boeufs. Veillez à ce que pendant l'été vos boeufs reçoivent une eau salubre et limpide; leur santé est à ce prix.

LXXIV. Recette pour faire le pain depsiticus.

Faites ainsi le pain depsiticus. Lavez propre-ment vos mains et le mortier. Mettez la farine, ajoutez-y de l'eau peu à peu, et mélangez bien le tout. Une fois la pâte faite, moulez-la, et faites cuire sous la tuile.

LXXV. Du libum.

Manière de faire le pain de sacrifice. Broyez bien deux livres de fromage dans le mortier; quand il y sera, mêlez-y une livre de farine de froment, ou seulement une demi-livre de fleur de farine, si vous le désirez moins compact, et incorporez le tout avec soin. Moulez vos pains, placez-les-sur des feuilles, et laissez les cuire lentement sous la tuile et sur une plaque chaude.

LXXVI. De la placenta.

Prenez deux livres de farine de seigle pour faire l'assise des boulettes, et quatre livres de gruaux de première sorte que vous faites macérer dans l'eau. Aussitôt qu'ils se seront amollis, placez-les dans un pétrin bien propre, et laissez-les se ressuyer. Petrissez ensuite à la main. Quand vous les aurez bien travaillés, ajoutez-y peu a peu quatre livres de farine, et faites vos boulettes avec le mélange. On les arrange dans une corbeille pour les faire sécher, et on polit les contours aussitôt qu'elles sont ressuyées; ce travail se fait sur chaque bol en particulier. Cette besogne terminée, effleurez et frottez avec une étoffe imbibée d'huile toute la surface des boulettes et l'assise où elles seront placées. Chauffez le foyer et le surtout qui serviront à la cuisson. Humectez ensuite et mélangez les deux livres de farine de seigle, qui serviront à faire l'assise, après les avoir mêlées à quatorze livres de fromage de brebis. II faut que ce fromage ne soit ni aride, ni vieux. Laissez macérer le mélange, et changez-le trois fois dans de nouvelle eau. Retirez-le ensuite, et exprimez-en l'eau avec vos mains ; et une fois bien égoutté, placez-le dans un pétrin bien propre, sans laisser de grumeaux. Prenez ensuite un tamis à farine, et tamisez le fromage sur le pétrin. Ajoutez quatre livres de miel fin, et incorporez-le soigneusement avec le fromage. Placez sur une table propre, d'un pied carre, le pavé de la placenta, que vous aromatiserez avec des feuilles de laurier trempées dans l'huile. Placez un premier lit de boulettes sur tout le fond du pavé, et saupoudrez-les avec le mélange de miel et de fromage que vous prendrez dans le pétrin; ajoutez une seconde couche de boulettes que vous saupoudrerez avec ce qui vous restera de miel et de fromage mélangés. Mettez encore une rangée de boulettes sur le rebord que vous replierez ensuite vers l'intérieur, et préparez le foyer. Aussitôt qu'il a acquis une chaleur modérée, placez-y votre placenta, couvrez d'un couvercle chaud sur lequel vous mettrez de la braise, ainsi que tout autour. Prenez votre temps pour opérer la cuisson ; soulevez deux ou trois fois le couvercle, pour voir comment elle marche; aussitôt qu'elle sera à son terme, enlevez la placenta. enduisez-la de miel : telle est la placenta d'un sémodius.

LXXVII. De la spira.

Disposez tout dans les mêmes proportions que pour la placenta, si ce n'est que sous rangez autrement les boulettes sur l'assise: enduisez-les bien de miel; tressez-les ensuite comme une corde que vous placez sur l'assise, en mettant soigneusement des boulettes simples dans les interstices. Dans tout le reste agissez et cuisez comme pour la placenta.

LXXVIII. De la scriblita.

On met sur le moule les boulettes qu'on saupoudre de fromage, comme une placenta faite sans miel.

LXXIX. Des boulettes.

Mélangez pareillement du fromage avec du gruau ; faites-en autant de beignets que vous jugerez à propos. Venez de l'huile dans une chaudière bien chaude; ne cuisez à la fois qu'un ou deux beignets : retournez-les fréquemment avec deux baguettes; lorsqu'ils sont cuits, retirez-les et enduisez-les de miel, saupoudrez-les de pavots et servez ainsi.

LXXX. De l'encytus.

Faites l'encytus de la même manière que les beignets, si ce n'est que vous vous servez d'un vase creux et percé; vous mettez également dans de l'huile chaude, et vous donnez une forme élégante. Retournez-le à differentes reprises avec deux baguettes, frottez-le d'huile, dorez-le; et quand il ne sera plus trop chaud, servez-le avec du miel ou du vin miellé.

LXXXI. De l'ernéum.

L'ernéum se fait comme la placenta, et avec les mêmes ingrédients. Après les avoir bien mêlés les dans une auge, on les introduit dans le moule de terre appelé hirnéa, qu'on plonge dans une marmite en cuivre remplie d'eau chaude. On fait cuire à la flamme. Après la cuisson on brise l'hirnéa, et ou sert.

LXXXII. De la spaerita.

Faites la spaerita comme la spira, si ce n'est que vous n'employez ni fromage ni miel, et que les boulettes sont grosses comme le poing. Placez-les sur l'assise, aussi épaisse que pour la spire, et faites cuire de même.

LXXXIII. Prière pour les boeufs.

Manière de faire des voeux pour la santé des boeufs. Au milieu du jour transportez-vous dans une forêt, offrez à Mars Silvanus pour chacun de vos boeufs trois livres de farine de froment, quatre livres et demi de lard, quatre livres et demi de viandes succulentes, et trois setiers de vin. Vous ferez déposer le vin dans un vase, et les autres offrandes dans un autre. Peu importe que cette besogne soit faite par un esclave ou par un homme libre. La cérémonie terminée, vous consommerez l'offrande sur le lieu même. Ecartez du lieu du sacrifice la présence et les regards des femmes. Vous pourrez faire cette offrande une fois tous les ans, si vous le jugez à propos.

LXXXIV. Du savillum.

Manière de le faire. Mélangez. exactement une demi-livre de farine, deux livres et demi de fromages, trois onces de miel, comme pour le libum, et ajoutez un oeuf. Frottez d'huile un plat de terre, dans lequel vous déposerez tous vos ingrédients préalablement mélangés. Fermez le vase avec son couvercle, et tâchez que la cuisson pénètre jusqu'au centre du gâteau; c'est là qu'il a le plus d'épaisseur. Aussitôt qu'il est cuit retirez-le du plat, enduisez-le d'huile, saupoudrez-le de pavots, remettez-le quelque temps sous le couvercle, retirez-le sur le plat avec des cuillers.

LXXXV. Potage à la carthaginoise.

Sa cuisson. Faites bien digérer dans l'eau une livre de gruau, placez-le ensuite dans une auge propre, incorporez-y trois livres de fromage nouveau, une demi-livre de miel, et faites cuire dans une marmite neuve.

LXXXVI. Bouillie de froment.

Manière de la préparer. On met une demi-livre de pur froment dans un mortier propre, on le lave bien, on en détache l'écorce, et on le tamise; après l'avoir mis dans une marmite, on le fait cuire dans de l'eau pure. Après la cuisson on y ajoute du lait peu, à peu jusqu'à ce qu'il s'y forme une crème épaisse.

LXXXVII. Amyllum.

Manière de le préparer. Nettoyez votre seigle, mettez-le dans un cuvier, et ajoutez-y de l'eau deux fois par jour. Dêcantez dix jours après; et quand le grain sera gonflé, broyez-le dans un cuvier propre, et laissez-le déposer comme des lies. Placez le dépôt dans un linge, exprimez-en la fécule dans une casserole neuve, ou dans un pétrin. Opérez de même sur la totalité, et faites macérer dans l'eau ce nouveau produit. Exposez la casserole au soleil, afin de faire sécher la fécule. Après la dessiccation on la serre dans un second cuvier, et on ln fait cuire avec du lait.

LXXXVIII.  Blanchiment du sel.

Remplissez d'eau pure une amphore dont le goulot soit cassé, et exposez-le au soleil; suspendez-y un sachet de sel commun, que vous aurez soin d'agiter et de remplacer à mesure qu'il se fondra. Répétez cette opération plusieurs fois par jour, jusqu'à ce que pendant deux jours le sel refuse de se fondre. Vous reconnaîtrez le point de saturation à ce signe. Si vous projetez dans l'eau un moena sec ou un oeuf, et qu'il surnage, vous obtiendrez une saumure convenable pour assaisonner la viande, le fromage et la marée. Cette saumure placée dans des plats demeurera exposée au soleil, jusqu'à ce qu'elle se solidifie et donne la fleur de sel. Quand le ciel se couvrira de nuages et pendant la nuit vous mettra les vases à couvert; vous ne les abandonnerez à l'air que lorsque le soleil luira.

LXXXIX. Engraissement des poules et des oies.

On enferme les jeunes poules qui commencent à pondre, et on leur prépare une pâtée de folle farine ou de farine d'orge. On en fera des boulettes, qu'on trempera dans l'eau avant de les leur glisser dans le gosier. Tous les jours on augmentera la dose, et leur ration n'aura d'autre limite que leur appétit. On les servira deux fois par jour, et à midi on leur donnera à boire en ne laissant l'eau à leur disposition que pendant une heure. On engraissera les oies de la même manière, si ce n'est qu'avant tout on les fera boire, et que tous les jours on leur servira deux fois de la boisson et de la nourriture.

XC. Engraissement des pigeonneaux.

Aussitôt que vous aurez pris un jeune ramier, donnez-lui des fèves terrifiées par la cuisson; insufflez-lui de l'eau dans le bec, et cela pendant sept jours. Triturez ensuite des fèves et du froment, et faites bouillir en mettant les fèves dans la proportion d'un tiers. Lorsque la farine est dans le vase, manipulez-la et faites-la cuire proprement. La cuisson achevée, travaillez la pâte après avoir trempé vos mains dans l'huile. Au commencement vous pétrirez grossièrement, et vous ferez ensuite une pâte plus homogène en trempant toujours vos mains dans l'huile, jusqu'à ce que vous puissiez faire des boulettes. Vous donnez de l'eau et de la nourriture sans la prodiguer.

XCI. Construction de l'aire.

Bêchez la place destinée à l'aire, arrosez-la d'amurque jusqu'à saturation. Ensuite pulvérisez les mottes; nivelez et frappez avec la batte. Arrosez encore d'amurque, et laissez sécher. Avec ces précautions vous n'avez à redouter ni les ravages des fourmis ni l'envahissement des herbes.

XCII. Préservatif contre le charançon.

Pour prévenir les attaques du charançon et les dégats des campagnols, faites un lut avec de l'amurque et de la paille hachée, que vous laissez détremper et que vous gâchez convenablement : vous en étendez une couche épaisse sur tout le grenier, vous ajoutez par-dessus une couche d'amurque. Lorsque le lut sera sec, vous pourrez déposer dans votre grenier du froment non échauffé sans avoir à redouter le charançon.

XCIII. Traitement des oliviers stériles.

Déchaussez les oliviers stétiles et entourez-les de paille. Arrosez ensuite le pied de l'arbre avec un mélange composé de parties égales d'eau et d'amurque. Une urne suffit aux plus grands arbres; on proportionne la dose aux plus petits. Cette opération augmente encore le produit des arbres qui ne sont pas stériles, mais il ne faut pas les envelopper de paille.

XCIV. Traitement du figuier qui ne tient pas ses fruits.

Opérez de même sur les figuiers afin que leur fruits ne tombent pas prématurément; de plus à l'approche du printemps battez leurs pieds. Avec cette précaution les figues tiendront, les arbres ne se couvriront point de chancres et seront beaucoup plus productifs.

XCV. Moyen d'éloigner le ver coquin de la vigne.

Pour soustraire la vigne aux ravages du ver coquin, laissez déposer les fèces de l'amurque, mettez-en deux conges dans un vase d'airain, et faites cuire à une douce chaleur, en remuant avec une spatule jusqu'à la consistance du miel. Pulvérisez ensuite séparément dans un mortier un tiers de bitume et un quart de soufre, et pendant que l'amurque est chaude encore, versez-y cette poudre par petites portions; remuez avec la spatule, et faites cuire derechef en plein air; car dans un appartement le mélange s'enflammerait au moment où l'on ajouterait le soufre et le bitume. Laissez refroidir dès que la préparation a acquis la consistance de la glu. Étendez une couche du mélange sur le cep et sous tes branches, et le ver coquin ne paraîtra pas.

XCVI. Préservatif contre la gale des montons.

Le meilleur préservatif contre la gale des moutons consiste à prendre et épurer de l'amurque, qu'on mélange avec des lies de bon vin et de l'eau dans laquelle on a fait macérer des graines de lupin. Après la tonte on enduit de cette composition tout le corps des moulons, qu'on tient ensuite en moiteur pendant deux ou trois jours. Lavez-les ensuite dans de l'eau de mer, ou si vous n'en avez pas à proximité, employez de l'eau tenant du sel en dissolution. Ce traitement prévient non seulement la gale, mais il favorise encote la production d'une laine plus abondante et meilleure, et empêche les piqûres des tiques. Employez également le remède contre la gale de tous les quadrupèdes.

XCVII. Application de l'amurque.

Frottez d'amurque bouillie les essieux, les courroies, les souliers et les cuirs, vous en augmenterez la durée.

XCVIII. Recette contre la teigne des habits.

Les artisons ne rongeront point les vêtements que vous serrerez dans tin buffet dont l'intérieur, les pieds, le fond et les coins auront été frottés d'amurque réduite à moitié de son volume par la cuisson. Lorsque cet enduit sera sec, mettez vos habits dans le buffet : les artisons ne s'en approcheront point. Si vous enduisez de cette manière tous vos meubles en bois, ils seront préservés de la pourriture, et ils deviendront brillants quand vous les nettoierez. Donnez aussi une couche à votre vaisselle d'airain après l'avoir nettoyée. Une fois qu'elle sera enduite, frottez-la de nouveau avant de vous en servir; elle deviendra brillante, et la rouille n'en ternira point l'éclat.

XCIX. Conservation des figues sèches.

On conserve saines les figues serbes qu'on met dans un vase en terre dont on a enduit les parois Intérieurs d'amurque bouillie.

C. Précaution pour remplir une jatte d'huile.

Quand vous voudrez emplir d'huile une jatte nouvelle, lavez-la soigneusement auparavant avec de l'amurque non épurée; remuez jusqu'à ce qu'elle soit bien imbibée. Par ce moyen l'huile n'est pas absorbée par le vase, elle devient plus délicate, et ce vase lui-même est moins fragile.

Cl. Conservation des branches de myrte et autres.

Pour conserver des branches de myrte avec leurs baies; des rameaux de figuiers avec leurs fruits, ou telle autre espèce de fruit qu'il vous plaira, rassemblez et liez-les en petits paquets, que vous plongerez dans l'amurque de manière que celle-ci déborde. Vous prendrez un peu sur le vert les fruits que vous voudrez ainsi conserver. Fermez hermétiquement le vase qui les contient.

CII. Détruire les effets de la morsure des serpents sur les boeufs et autres animaux.

Quand un bœuf ou un autre quadrupède a été mordu par un serpent, prenez un verre de cette semence de cumin que les médecins nomment smyrneum, et, et broyez-la dans une hémine de bon vin. Injectez-la par les narines, et appliquez sur la morsure de la fiente de porc. Employez le même remède pour l'homme, si le même cas arrive.

CIII. Hygiène des bœufs.

Aspergez d'amurque la nourriture des boeufs que vous désirez voir frais et vigoureux, et de ceux qui refusent de manger, afin de réveiller leur appétit. Pour qu'ils s'y accoutument vous en donnerez peu d'abord, et vous augmenterez graduellement la dose. Plus rarement chaque cinquième ou sixième jour vous en mettrez dans leur boisson, composée de parties égales d'eau et d'amurque. Ce traitement maintiendra vos boeufs eu meilleur état, et à l'abri des maladies.

CIV. Vin des gens pour l'hiver.

Mettez dans une futaille dix quadrantals de vin doux, et deux quadrantals de fort vinaigre. Versez-y également deux quadrantals de vin cuit, et cinquante d'eau douce. Avec un bâton brassez le mélange trois fois par jour et pendant cinq jours consécutifs. Ajoutez-y soixante-quatre setiers d'eau de mer puisée depuis quelque temps. Placez le couvercle sur le tonneau, et tenez-le fermé pendant dix jours. Ce vin se consommera jusqu'au solstice; s'il en reste après cette époque, ce sera un vinaigre très fort et très limpide.

CV. Procédé pour faire du vin grec sur un terroir éloigné de la mer.

Si votre domalne est éloigné de la mer, préparez du vin grec de la manière suivante : venez vingt quadrantals de moût dans une chaudière d'airain ou de plomb, et mettez sur le feu, que vous éteindra aussitôt que le vin bouillonnera. Après le refroidissement vous le transvaserez dans un fût de la contenance de quarante setiers. Vous ferez dissoudre dans un vase à part un boisseau de sel dans un quadrantal d'eau douce; cette saumure faite, vous l'introduirez dans le tonneau. Broyez dans un mortier du souchet odorant et du calamus, et vous en introduirez un setier dans le liquide pour l'aromatiser. Trente jours après sous placerez la bonde, et au printemps vous le mettrez dans des amphores. Après l'avoir laissé pendant deux ans exposé au soleil vous le mettrez à couvert. Ce vin rivalisera avec celui de l'île de Cos.

CVI. Confection de l'eau de mer.

Prenez un quadrantal d'eau en pleine mer dans en endroit ou l'eau douce n'a pas d'accès, ajoutez-y une demi livre de sel égrugé, agitez le mélange avec un bâton, et ne cessez que lorsqu'un oeuf de poule cuit surnage. Versez dans le liquide deux conges de vin vieux, soit d'Aminée, soit de vin blanc mêlé, et brassez soigneusement le mélange. Mettez le tout dans un vase enduit de poix que vous boucherez. Quand on veut préparer une plus grande quantité d'eau de mer, on augmente les doses à proportion.

CVII. Composition pour enduire les futailles afin qu'elles parfument et conservent le vin.

Mettez six conges de vin cuit dans une chaudière de cuivre ou de plomb. Prenez une hémine de racines d'iris en poudre et cinq livres de mélilot odorant, que vous broierez le plus exactement possible avec l'iris; tamisez et faites cuire avec le vin déjà rapproché à un feu clair de sarment. Remuez afin qu'il ne se forme pas d'empâtement. Lorsque le liquide est réduit à moitié, laissez-le refroidir, versez-le dans un vase enduit de poix et parfumé, que vous boucherez. Frottez de cette composition les bords de vos futailles.

CVIII. Manière de déterminer si un vin sera de garde ou non.

Pour essayer si votre vin est de garde ou non, mettez dans une coupe neuve la moitié d'un acetabulum de fin gruau et un setier de vin nouveau soumis à l'essai; mettez le tout sur des charbons ardents jusqu'à ce qu'il donne deux ou trois bouillons; filtrez, et enlevez le gruau. Après avoir exposé le liquide à l'air, goûtez-le le lendemain matin. S'il paraît bon, le vin renfermé dans la futaille sera de durée; s'il est aigrelet, il ne sera pas de garde.

CIX. Manière de rendre doux un vin dur.

Préparez quatre livres de farine de lentille, et faites-les digérer dans quatre cyathus de vin cuit : faites ensuite des massepains, et laissez-les macérer un jour et une nuit. Jetez le tout dans votre vin en futaille, et tenez fermé pendant deux mois. Ce vin sera distingué par sa douceur et par son bouquet, autant que par sa belle coloration et son arôme.

CX. Procédé pour enlever au vin sa mauvaise odeur.

Si vous voulez enlever au vin une odeur désagréable, faites rougir au feu un fragment de tuile neuve, enduisez-le ensuite de poix, suspendez-le a une petite corde, et laissez-le seulement plonger jusqu'au fond du tonneau, que vous tiendrez bouché pendant deux jours. L'opération a très bien réussi lorsqu'une seule fois la mauvaise odeur a disparu : si elle persiste, répétez l'opération Jusqu'à ce qu'elle disparaisse totalement.

CXI. Manière de découvrir si on a mêlé ou non de l'eau au vin.

Voulez-vous savoir si on a mêlé ou non de l'eau à votre vin? préparez un vase en bois de lierre, et emplissez-le avec le vin que vous soupçonnez avoir été sophistiqué. Quand il contient de l'eau, le vin filtre au travers des parois du vase et l'eau reste, car le bois de lierre laisse passer le vin.

CXII. Fabrication du vin de Cos.

SI vous voulez faire du vin de Cos, prenez de l'eau de mer loin des rivages, lorsque les flots ne sont point agités, lorsqu'aucun vent ne les soulève, et dans un endroit où elle ne soit point altérée par une eau douce. Après l'avoir puisée trente jours avant la vendange, on la verse dans un tonneau sans le remplir, en laissant sur sa contenance un espace vide de cinq quadrantals. Placez la bonde, en ménageant toutefois un accès à l'air. Après un espace de trente jours, tirez au clair et transvasez doucement dans une autre futaille, en laissant au fond les matières déposées. Vingt jours après, transvasez encore l'eau de mer dans un autre tonneau où elle séjournera jusqu'à la vendange. Laissez bien mûrir sur tiges le raisin que vous destinez à la fabrication du vin de Cos. Lorsqu'une fois il aura été alternativement exposé à la pluie et à la sécheresse, récoltez-le, et exposez-le au soleil pendant deux jours, ou à l'air pendant trois jours, si le temps n'est pas pluvieux : mais s'il vient à pleuvoir, étendez-le sur des claies à l'abri, et retranchez les grappes qui pourriraient. C'est alors que dans une futaille de cinquante setiers on met dix quadrantals d'eau de mer. Égrappez à la main les graines de raisins noirs, et mettez-les dans le tonneau jusqu'à ce qu'il soit plein, afin qu'elles s'imprègnent d'eau de mer. Le tonneau rempli, vous placez la bonde sans Intercepter tout à fait l'accès à l'air. Au bout de trois jours retirez les graines, foulez-les sur le pressoir, et serrez votre vin dans des futailles bien sèches, saines et propres.

CXIII. Recette pour communiquer au vin une odeur agréable.

Pour donner au vin un arôme délicat, employez le procédé suivant. Prenez une brique enduite de poix, couvrez-la de braise doucement chauffée, parfumez-Ia de mélilot, de jonc, et de cette espèce de baume que l'on trouve chez les marchands de cosmétiques. Placez-la dans un tonneau et fermez, afin que l'odeur ne disparaisse pas avant de l'emplir. Ces préliminaires terminés un jour avant le pressurage, entonnez le vin aussitôt qu'il passera du pressoir dans le bassin, couvrez la futaille pendant quinze jours, en ménageant une entrée à l'air, et placez la bonde. Quarante jours après sous transvaserez dans des amphores en ajoutant dans chacune un setier de vin cuit, et en prenant la précaution de ne l'emplir que jusqu'à l'origine des anses. Exposez vos amphores au soleil sur le sol nu, de peur que l'humidité ne s'y introduise, et abandonnez-les ainsi pendant quatre jours seulement. Après ce temps transportez et entassez les au cellier.

CXIV. Vin pour les maux d'estomac.

Si vous voulez obtenir un vin qui fasse un bon estomac, aussitôt après la vendange, au moment où l'on déchausse les vignes, découvrez les racines des ceps en nombre suffisant pour faire la quantité devin que vous jugez nécessaire, et faites-leur une marque. Isolez et débarbez les racines. Répandez au pourtour du cep de la racine d'ellébore, que vous aurez préalablement broyée dans un mortier. Répandez-y également du fumier fait, de la cendre vieille et deux parties de terre, et réchaussez. Récoltez à part les raisins de ces ceps. Ce vin conservé pendant longtemps est laxatif, pourvu qu'on ne le mélange pas à l'autre. Buvez avant vos repas un verre de ce vin trempé d'eau : il vous relâchera sans suite fâcheuse.

CXV. Vin contre les obstructions.

Introduisez encore dans une amphore de vin doux une poignée d'ellébore noire que vous retirez du vase après la fermentation; gardez ce vin pour rendre l'estomac plus libre. Si vous désirez préparer un vin purgatif, à l'époque des déchaussages marquez de craie rouge les ceps que vous réservez à cet usage, pour ne pas les confondre avec les autres. Disposez au tour des racines trois petits paquets d'ellébore noire, et recouvrez-les de terre. Mettez a part la récolte de ces ceps, mêlez-en un cyathus dans votre boisson ordinaire : ce sera un relâchant et un purgatif innocent.

CXVI. Conservation des lentilles.

Faites infuser du laser dans du vinaigre, mettez vos lentilles dans ce vinaigre ainsi préparé, et exposez au soleil. Faites-les ensuite tremper dans de l'huile, et quand elles auront été séchées, elles se conserveront bien saines.

CXVII. Manière de confire les olives blanches.

Il faut les abattre avant qu'elles se colorent, et les faire macérer dans une eau qu'on change souvent. Une fois bien macérées, il faut les faire égoutter, les mettre dans du vinaigre; ajoutez de l'huile et une demi-livre de sel par boisseau d'olives. On aura préparé séparément un vinaigre aromatisé avec du fenouil et des lentisques; si vous voulez y mettre vos olives, servez-vous-en de suite, foulez-les avec vos mains bien sèches dans un vase de terre, et ne les en-levez qu'au moment de servir.

CXVIII. Manière de cendre les olives blanches, pour les consommer aussitôt après la vendange.

Prenez parties égales de vin doux et de vinaigre. Traitez-les ensuite de la manière que nous venons de décrire.

CXIX. Manière de faire l'épityrum blanc, noir et bigarré.

Recette pour faire l'épityrum, soit blanc, soit noir, soit marbré. Assaisonnez de la manière suivante des olives blanches, noires et bigarrées, après en avoir ôté les noyaux. Coupez-les, mettez-les dans un assaisonnement d'huile, de vinaigre, de coriandre, de cumin, de fenouil, de rue et de menthe. Faites-les confire dans un vase de terre, laissez les baigner dans l'huile, et servez ainsi.

CXX.  Procédé pour avoir du vin doux toute l'année.

Si vous voulez conserver au vin sa douceur pendant toute une année, mettez-le dans une amphore dont les parois auront été enduites de poix, et descendez-le dans un puits; après qu'il y aura séjourné pendant trente jours, retirez-le: il sera doux pendant toute l'année.

CXXI. Gâteau au vin doux.

Arrosez de moût un boisseau de farine de seigle, ajoutez y de l'anis, du cumin, deux livres de graisse, une livre de fromage et de la sciure de bois de laurier; moulez le gâteau, mettez-y des feuilles de laurier en le faisant cuire.

CXXII. Vin contre les rétentions d'urine.

Broyez dans un mortier du chèvrefeuille ou du genévrier, mettez-en une livre dans deux conges de vin vieux, et faites-la bouillir dans un vase d'airain on de plomb. Après le refroidissement, mettez-le dans une Iagoena, et prenez-en un verre le matin à jeun : cela vous fera du bien.

CXXIII. Vin pour les sciatiques.

Mettez en copeaux un morceau de bois de genévrier de la grosseur d'un demi-pied. Faites bouillir dans une conge de vin vieux; après le refroidissement, venez dans une Iagoena, et dans la suite vous en prendrez un verre tous les matins à jeun: cela vous fera du bien.

CXXIV. Renfermez les chiens pendant le jour.

Renfermez vos chiens pendant le jour, afin que pendant la nuit ils soient plus ardents et plus vigilants.

CXXV.  Vin de myrte.

Faites sécher à l'ombre des branches de myrte noir, et couvrez-les ainsi jusqu'à la vendange. Broyez-en alors un demi-boisseau dans une urne de vin, et bouchez le vase. Aussitôt que la fermentation se calme, enlevez le bois de myrte. Cette potion est excellente quand on est resserré, contre les maux de côtés et contre les coliques.

CXXVI. Préservatif contre la colique, la dyssenterie, les teignes et les vers.

Si vous souffrez d'une indigestion, de la dyssenterie, si les teignes et les vers vous tourmentent, prenez trente grenades sures, broyez-les, mettez-les dans un vase avec trois conges d'un vin noir et dur, et bouchez. Trente jours après vous pouvez le déboucher et vous en servir, en le prenant à jeun à la dose d'une hémine.

CXXVII. Remède contre les indigestions et les rétentions d'urine.

Cueillez des fleurs de grenadier lorsqu'elles s'épanouiront, mettez-en trois mines dans une amphore, ajoutez-y un quadrantal de vin vieux et une mine de racine de fenouil. Bouchez l'amphore, ne l'ouvrez qu'après un mois, et servez-vous de la liqueur. Quand vous voudrez digérer ou uriner, vous pourrez en boire à volonté sans aucun danger. Le vin préparé de cette manière est également un préservatif contre la teigne et les vers. Quand un enfant en est tourmenté, ne le laissez pas souper. Le lendemain prenez une drachme d'encens, une drachme de miel cuit, et un setier de vin d'origan, administrez-lui le remède à jeun à la dose de trois oboles, suivant son âge, et une hémine de vin. Faites-le monter dix fois sur la pierre à moudre et sauter en bas; ordonnez-lui la promenade.

CXXVIII. Crépissage des habitations.

Si vous voulez crépir votre habitation, choisissez une terre où domine soit la craie, soit l'ocre; mêlez-y de l'amurque et de la paille hachée. Laissez fermenter le tout pendant quatre jours. Après quoi vous le travaillerez avec le râble, et vous vous en servirez pour crépir. Cet enduit éloignera l'humidité nuisible, ne se laissera pas entamer par les rats, empêchera l'herbe de croître et les murs de se lézarder.

CXXIX. Aire à battre le blé.

Béchez la terre en la pulvérisant, arrosez-la d'amurque en telle abondance, quelle en soit saturée autant que possible, pulvérisez-la de nouveau, et nivelez-la à l'aide du cylindre ou de la batte. Ce nivellement empêchera les fourmis de la soulever, et les pluies de la détremper.

CXXX. Répandre de l'amurque au pied des arbres.

Arrosez d'amurque crue les troncs d'olivier et les autres bois; exposez-les au soleil pour favoriser l'imbibition. Cela les empêcbera de fumer, et en facilitera la combustion.

CXXXI. Offrande pour les bœufs.

Faites aux dieux une offrande pour la santé de vos boeufs. Commencez à labourer au printemps: débutez par les sols pierreux et sablonneux, et terminez par ceux qui sont les plus compactes et les plus humides.

CXXXII. Manière de la faire.

Voici comment il faut faire cette offrande : présentez à Jupiter Dapalis une coupe de quelque vin que ce soit. Ce jour sera chômé par les boeufs, par les bouviers, et par ceux qui feront le sacrifice. Au moment du sacrifice vous ferez cette prière: « Jupiter Dapalis, je remplis mon devoir en t'offrant cette coupe de vin dans ma maison et au sein de ma famille; à cette cause daigne l'avoir pour agréable. » Lavez ensuite vos mains, prenez le vin, et dites: « Jupiter Dapalis, agrée ce festin que je dois t'offrir. Reçois ce vin placé devant toi. » Si vous le trouvez bon, présentez une offrande à Vesta. Le festin présenté à Jupiter consiste en un morceau de porc rôti, et en une coupe de vin intacte. Faites cette offrande sans y toucher; le festin terminé, semez le millet, le panis, l'ail et la lentille.

CXXXIII. Multiplication des arbres fruitiers et autres.

Les drageons que poussent les racines des arbres seront couchés en terre, et leur sommet relevé, afin qu'ils puissent prendre racines. Levez-les en temps propice et plantez-les soigneusement Le figuier, l'olivier, le grenadier, le cognassier, le poirier-coin, tous les pommiers, le laurier de Cypre, celui de Delphes, le myrte épithalame, le myrte blanc et le noir, le noyer d'Aveline, celui de Préneste, le platane, se propagent de boutures enlevées à la souche principale. Les arbres qu'on affectionne seront plantés soigneusement dans des pots. Pour leur faire prendre racines sur l'arbre même, on se munit d'un pot troué ou d'un petit panier. On y fait passer la branche, on les remplit de terre qu'on a soin de tasser, et on les laisse sur l'arbre. Deux ans après on coupe la branche au-dessous du point d'insertion, et on la plante avec le panier. On pourra ainsi faire prendre des racines vigoureuses à toute espèce d'arbres. Pour multiplier la vigne on emploie aussi ces paniers, qu'on remplit bien de terre; on sèvre l'année suivante, et on plante un pieu.

CXXXIV. Avant la moisson immoler la truie précidanée.

Avant la moisson, faites de la manière suivante le sacrifice de la truie precidanée : Immolez à Cérès la truie précidanée, femelle du porc, avant de couper l'épeautre, le blé, l'orge, la fève, et la semence de raves. Le vin et l'encens nous rendront propices, Janus, Jupiter et Junon. Avant de sacrifier la truie, présentez un gâteau à Janus en lui faisant cette prière : « Janus, notre père, au nom de mon humble offrande, je te présente mes supplications afin que tu m'accordes ta protection pour moi, pour mes enfants, pour ma maison et mes gens : » Offrez aussi à Jupiter un gâteau et cette prière : « Jupiter, au nom de ce gâteau, je te conjure d'écouter mes prières, et de nous accorder ta protection, à mol, à mes enfants, à ma maison, et à mes gens. » Présentez ensuite le vin à Janus en lui disant : « Janus, notre père, avec un gâteau je t'ai adressé ma prière suppliante : reçois de même avec bonté ce vin que je t'offre. » Adressez-vous ensuite a Jupiter: « Jupiter, reçois ce gâteau, reçois ce vin placé devant toi. » Alors immolez la truie précidanée. Aussitôt que les entrailles auront été divisées, on présentera à Janus son gâteau, et on l'adorera comme précèdemment. On offrira de même a Jupiter des prières et le gâteau, comme on l'a déjà fait. On présentera du vin à Janus et à Jupiter, comme lorsqu'un leur offrait les gâteaux. Ensuite on consacre à Cérés les entrailles de la victime, et du vin.

CXXXV. Lieux où il faut acheter les tuniques, les casaques, les ustensiles de fer et autres.

On se pourvoira à Rome de tuniques, de toges, de saies, de casaques et de sabots; à Calvi et à Minturne, de capuchons, d'ustensiles en fer, de faux, de pelles, de houes, de haches, de harnais, de chausse-trapes, de chaînettes ; à Vénafre, de pelles; à Suesse et en Lucanie, de chars; à Albe, de traîneaux; à Rome, de futailles et de bassins; de tuiles à Venafre. Pour les terres compactes les araires devront être tirés de Rome, et de la Campanie pour les terres poreuses : les meilleurs jougs se tirent de Rome; on y trouvera aussi les socs les plus acérés. On tirera les trapètes de Pompeïa; les clous, de Nole, près des murs de Rufrus; les serrures, de Rome. On trouvera à Capoue des seaux, des jattes à huile, des vases pour l'eau, des urnes pour le vin, et tous les autres ustensiles en cuivre. On trouvera à Nole les corbeilles de Campanie, et ce sont les meilleures. Les cordes de poulies et toute la corderie se tirent de Capoue. Les corbeilles romaines viennent de Suesse et de Casinum : mais celles de Rome sont préférables. Celui qui fait faire à Casinum des câbles de pressoir les payera cinquante écus chez Tunnius; à Vénafre, C. Mennius les fait payer cent écus. Huit bons cuirs ne sont pas de trop pour ces câbles. Les nôtres ne devront être ni vieux, ni maniés, ni imprégnés d'une trop grande quantité de sel. On les tannera et on les huilera, puis on les fera sécher. On devra couper le câble sur une longueur de soixante-douze pieds, et lui donner trois tourons, dont chacun aura neuf courroies de deux doigts de large. Quand II sera cablé, il ne mesurera plus que quarante-neuf pieds en longueur. La jonction sur les coutures aura une course de trois pieds ; il ne restera ainsi que quarante-six pieds. En le violentant par l'extension, Il s'allongera de cinq pieds et aura une longueur totale de cinquante et un pieds. Pour les plus grands pressoirs Il faut que le câble ait cinquante-cinq pieds; cinquante-un suffisent pour les petits. La longueur la plus convenable de la courroie pour les charrettes est de soixante pieds; la petite corde aura quarante-cinq pieds : les guides pour la charrette auront trente-six pieds; les guides pour l'araire vingt-six, les traits vingt sept et demi; les cuirs qui fixent le timon aux jougs auront dix-neuf pieds; la petite corde quinze pieds. Pour la charrue les premiers auront douze pieds, et la seconde huit pieds. Les pressoirs les plus grands auront quatre pieds et demi, les meules auront trois pieds et demi de diamètre, sur un pied et une palme d'épaisseur par le milieu, au sortir de la carrière; il y aura deux doigts de distance entre le miliaire et le rebord du bassin ; ce rebord aura cinq doigts d'épaisseur. Ceux du second ordre auront quatre pieds et une palme de largeur; il y aura un pied un doigt entre le miliaire et le rebord du bassin; ce rebord aura cinq doigts d'épaisseur; leurs meules auront trois pieds et cinq doigts d'épaisseur Vous ferez dans les meules un trou rond qui let traversera de part en part, en conservant d'un côté à l'autre le même rayon de six pouces. Ceux du troisième ordre auront quatre pieds de largeur. Il y aura un pied entre le miliaire et le rebord du bassin; ce rebord aura cinq doigts d'épaisseur; la meule aura trois pieds deux doigts de diamètre et un pied et deux doigts d'épaisseur. Lorsque le trapète aura été amené à l'endroit où vous voudrez le placer, vous le monterez et l'ajusterez sur le lieu même.

CXXXVI. Conditions à imposer au colon partiaire.

Dans le territoire de Cassinum et de Vénafre on donnera au métayer le huitième du produit dans un bon sol, le septième dans un sol ordinaire, le sixième dans un sol médiocre si le partage se fait au panier, et le cinquième s'il se fait au boisseau. Dans les meilleurs terrains de Vénafre on ne donne au colon que la neuvième partie mesurée avant le dépicage. SI l'on fait moudre en commun, le métayer payera son droit de mouture proportionnellement à la part qui lui est attribuée. II aura la cinquième partie du produit de l'orge et des fèves après le battage.

CXXXVII. Conditions à imposer au vigneron partiaire.

Que le propriétaire surveille d'une manière sévère les vignes, les terres, les arbres et les cultures qu'il laisse en métayage. Il abandonnera au colon le foin et les fourrages nécessaires à l'entretien des boeufs que réclament les travaux. Tout le reste sera partagé sans distinction.

CXXXVIII.  Travaux permis aux boeufs les jours de fête.

Il est permis d'atteler les boeufs pendant les jours fériés, pourvu que ce soit pour le transport du bois, des pailles et du blé qu'on ne donne point. Les mulets, les chevaux, les ânes ne chôment jamais que les fêtes de famille.

CXXXIX. Manière d'élaguer un bois.

Préliminaires usités à Rome avant d'élaguer un bois. Offrez un porc en expiation, et prononcez ces paroles : « Qui que tu sois, dieu ou déesse, divinitè à qui ce bois a été consacre, accepte l'offrande que je te fais avant de l'élaguer. En mémoire de ce sacrifice pardonne cet élagage que nous ferons, moi ou les miens sous mes ordres. C'est dans ce but qu'en l'offrant ce porc en expiation, je te conjure d'accorder ta protection à moi, à ma maison, à mes gens et à mes enfants. Agrée l'offrande expiatoire de ce porc que je vais te sacrifier. »

CXL. Sacrifice expiatoire à offrir en cas de défrichement.

SI vous voulez défricher, faites un autre sacrifice expiatoire de la même manière, si ce n'est que vous y ajoutez ces paroles: « En cas qu'on vienne à y travailler. » Une fois la besogne commencée, travaillez tous les jours sur quelque partie; car s'il y a interruption à cause des fêtes publiques ou de famille il faut recommencer le sacrifice.

CXLI. Purification des terres.

Faites circuler autour de la terre la victime suovitaurilienne. Je t'ordonne, Manius, de promener cette triste victime autour de mon domaine et de ma terre, soit en totalité, soit seulement sur la partie que tu jugeras à propos de purifier, afin qu'il l'aide des dieux le succès couronne mes entreprises. Auparavant offrez du vin à Janus et à Jupiter, et dites: Mars notre père, je te conjure d'être propice à moi, à ma maison et à mes gens; c'est dans cette intention que j'ai fait promener une triple victime autour de mes champs, de mes terres et de mes biens, afin que tu en écartes, éloignes et détourne les maladies visibles et invisibles, la stérilité, la dévastation, les calamités et les intempéries : afin que tu fasses grandir et prospérer mes fruits, mes grains, mes vignes et mes arbres : afin que tu conserves la vigueur a mes bergers et à mes troupeaux, et que tu accordes santé et prospérité à moi, à ma maison et à mes gens. Aussi, pour purifier ma champs, mes terres et mes biens, et pour faire un sacrifice expiatoire, daigne agréer ces trois victimes à la mamelle que je vais immoler. Mars notre pére, agréez dans ce but ces trois jeunes victimes. Saisissez le couteau pour empiler les galettes et le gâteau, et offrez-les. A mesure qu'on immolera le porc, l'agneau et le veau, on dira : Sois glorifié par cette victime suovitaurilienne.
II n'est point permis de prononcer les mots porc, agneau, veau. Si ces victimes n'ont point apaisé la divinité, on fait cette prière : Mars notre père, si quelque chose t'a déplu dans ce sacrifice des trois jeunes victimes, accepte en expiation ces trois autres. Si on présume que l'une ou deux des victimes n'a pas été agréée, on fait cette prière: Mars notre père, puisque le sacrifice de ce porc ne t'a pas été agréable, accepte ce porc en expiation.

CXLII. Devoirs de l'intendant.

Il fera ce que le maître commande, exécutera les travaux que réclame la terre. Ill fera les achats et les préparatifs convenables; il se procurera et soignera les provisions de bouche et des vêtements pour les gens de la ferme; il écoutera surtout attentivement les ordres du maître. II faut de plus qu'il se mette en rapport avec la ménagère, et qu'il sache lui donner ses ordres pour que le maître, à son arrivée, trouve préparé et bien en ordre ce dont il a besoin.

CXLIII. Devoirs de la première servante.

II surveillera la ménagère, afin qu'elle remplisse ses devoirs. Si le maître te l'a donnée pour épouse, n'en cherche point d'autres. Inspire-lui de la crainte, et fais en sorte qu'elle ne soit point prodigue; qu'elle voie le moins possible ses voisines ou d'autres femme; qu'elle ne reçoive personne ni à la ferme, ni chez elle; qu'elle ne mange point ailleurs et ne soit pas coureuse : qu'elle ne fasse point de sacrifice ; qu'elle ne charge personne d'en faire pour elle; sans l'ordre du maître on de la maîtresse; qu'elle se souvienne que le propriétaire offre des sacrifices pour tous ses gens. Amie de la propreté, qu'elle tienne toujours la ferme propre et balayée:  A l'arrivée des kalendes, des ides, des nones et des jours de fête, elle suspendra au foyer une couronne de fleurs. Dans ces jours elle consacrera tous

ses loisirs à prier les lares de la maison. Que toujours elle ait des aliments préparés pour toi et pour les gens; qu'elle ait un poulailler bien peuple et des oeufs en abondance; qu'elle fasse une ample provision de poires sèches, de sorbes, de figues, de raisins cuits au soleil, de sorbes confites dans du vin cuit, des poires et des raisins en caisse, et des coings. Qu'elle enfouisse dans la terre des pots contenant des raisins stratifiés avec des marcs. Qu'elle tienne également sous la terre des noix fraîches de Préneste enfermées dans des pots de terre. Qu'elle ait en réserve des coings de Scantium, des coings sauvages, et tous les autres fruits de garde. Cette provision doit se renouveler avec soin toutes les années. Elle saura se procurer de bonne farine et du gruau fin.

CXLIV. Conditions pour la récolte des olives.

Voici à quelles conditions il convient de donner à forfait la récolte des olives. Que toutes les olives soient diligemment récoltées à la guise du propriétaire, ou de son remplaçant, ou de celui a qui les fruits ont été vendus. On ne les pincera point, on ne les gaulera pas non plus sans l'ordre du maître. Si quelqu'un enfreint la loi, son travail ne sera payé ni à lui, ni à l'entrepreneur de la cueillette. Ceux qui sont occupés à la récolte jureront devant le maître, ou devant son préposé, qu'ils n'ont soustrait, ni eux ni leurs camarades, aucune portion de la récolte d'olives faite sur le domaine de L. Manlius. Si quelqu'un refuse le serment, ni le propriétaire ni l'entrepreneur ne lui payeront point sa part proportionnelle, et il ne lui sera rien dû. Il présentera une caution pour la bonne récolte des olives, n cette caution devra être agréée par L. Manlius. Les échelles seront rendues dans le même état qu'elles auront été prêtées, excepté celles qui auraient été brisées par suite de vétusté. Si elles sont détériorées, on en rendra de pareilles, ou bien le prix en sera déduit par experts. Si par la faute de l'entrepreneur le propriétaire éprouve quelque dommage, il faut entrer en composition. On prendra pour arbitre un homme bien famé. L'entre preneur est tenu d'avoir assez de monde pour cueillir et pour amasser les olives; s'il le fait pas, on diminue sur le prix la valeur du travail qu'il a cédé ou sous-loué. Il ne s'appropriera ni fruit, ni bois provenant de la plantation. Si quelqu'un de ses ouvriers en emporte, on déduira sur le prix convenu quarante sestertil pour chaque soustraction, et l'entrepreneur ne donnera pas cette somme à l'ouvrier. Toutes les olives seront mesurées bien propres dans le boisseau à olives. Il occupera constamment cinquante personnes, dont les deux tiers pour faire la récolte à la main. Il ne faut pas permettre qu'un ouvrier employé à la récolte ou au pressurage des olives soit payé plus cher que de coutume, à moins que l'entrepreneur n'affirme qu'il se l'est associé pour ce moment. Si cela a lieu, le maître ou son préposé peut exiger le serment de tous les associés. S'ils refusent de jurer, personne ne paye ni ne doit payer le travail qu'exigent la récolte et la manipulation des olives. La bonne main pour une récolte de douze cents muids sera de cinq muids d'olives salées, neuf livres d'huile épurée, cinq sestertii et cinq quadrantals de vinaigre pour toute la récolte; si l'on ne donne point d'olives salées, on payera chaque muid à raison de cinq sestertii.

CXLV. Conditions pour la fabrication de l'huile.

Marché à forfait pour le pressurage de l'olive Travaillez consciencieusement au gré du propriétaire ou de l'homme à qui il a confié la surveillance de la fabrication. Employez, si cela est nécessaire, des séries d'ustensiles. Choisissez pour ouvriers des hommes agréables au surveillant ou à celui qui a acheté l'huile. Servez-vous du trapète. Si le propriétaire a été forcé de louer de ouvriers supplémentaires, ou de faire marché avec un autre, entrez en composition, ou le prix convenu vous sera forcément diminué. Ne détournez aucune portion de l'huile, ni pour vous en servir ni pour la dérober, et n'employez que celle qui vous aura été donnée par le surveillant ou par le propriétaire. Si on a volé de l'huile, chaque soustraction sera punie d'une amende de quarante sestertii, ou d'une égale diminution sur le prix. Ceux qui fabriquent l'huile jureront devant le propriétaire ou devant son intendant qu'il n'ont soustrait, eux ni personne, ni huile ni olive de la provenance du domaine de L. Manlius. Ceux qui ne prêteront point ce serment ne recevront pas de l'entrepreneur le prix de leur travail, et le propriétaire ne le devra pas à l'entrepreneur. Ne vous associez personne sans l'agrément de propriétaire ou du surveillant. Si par la faute de l'entrepreneur le propriétaire a éprouvé quelque dommage, on fera une déduction sur l'estimation d'un homme d'une probité reconnue. S'il demande de l'huile verte, le propriétaire donnera de l'huile et du sel pour prix supplémentaire et deux victoires.

CXLVI. Vente des olives sur pied.

Olives à vendre sur pied dans le territoire de Vénafre. L'acheteur ajoutera au prix d'adjudication le centième pour franc-vingt. L'enchère actuelle est à cinquante sestertii, quinze cents livres d'huile poids de Rome, deux cents livres d'huile verte, cinquante muids d'olives tombées, dix muids d'olives cueillies à la main, le tout mesuré avec le muid à olives, dix livres d'huile à graisser. Pour l'usage des poids et des muids on abandonnera au maître deux cotyle de la première huile qui coulera. L'adjudicataire, quand même il aurait sous-loué, payera les olives récoltées et pressurées dans l'espace de dix mois à partir des calendes de novembre, sans reculer le payement après les ides. Ces fournitures seront livrées de bonne foi et sans retenue soit au maître, soit a son préposé, et on sera tenu de présenter une caution. Jusqu'à ce que l'acheteur se soit libéré en totalité ou du moins en grande partie, les ustensiles qu'il aura apportés sur le fonds serviront de nantissement, et on ne pourra en emporter quoi que ce soit. Si l'on en emporte, ils appartiendront au maître. Les pressoirs, les câbles, les échelages, les trapètes, et tous les objets qui auront été prêtés par le maître seront remis en bon état, à l'exception de ceux qui auront été brisés par vétusté. Si l'adjudicataire ne paye pas ce qu'il doit aux ouvriers employés à la récolte et au pressurage, le propriétaire payera, s'il le juge à propos; mais l'adjudicataire devra et remboursera cette somme au propriétaire, et ses ustensiles cautionneront cette somme, comme il a été dit ci-dessus.

CXLVII. Vente des raisins pendants.

L'acheteur laissera sur place les lies et les marcs de raisin, sans les épuiser. Il emportera son vin aux premières calendes d'octobre; s'il n'est pas emporté, le maître en disposera à son gré; les autres conditions sont les mêmes que pour les olives sur pied.

CXLVIII. Vente du vin en cercles.

Chaque culleus livré à l'acheteur se mesurera sur le pied de quarante une urnes de vin qui ne sera ni acide ni graisseux. On le fera déguster trois jours avant la vente par un gourmet expert. Si l'acheteur ne le fait pas, le vin sera tenu pour dégusté. Si par le fait du propriétaire la dégustation n'a pu être effectuée sous trois jours, il sera laissé à l'acheteur un délai proportionnel au retard. Le vin sera mesuré avant les calendes de janvier qui suivront la vente; sinon, il sera mesuré aux risques du propriétaire, en lui comptant néanmoins ce qui aura été mesuré auparavant- Si l'acheteur l'exige, le propriétaire jurera qu'il l'a fait en conscience. L'acheteur enlèvera le vin aux calendes d'octobre. S'il ne le fait pas, le propriétaire en disposera ; les autres charges sont les mêmes que pour l'olive sur pied.

CXLIX. Location d'un pâturage.

Conditions de louage pour un pâturage d'hiver. Déterminez les limites du pâturage, et permettez-en la dépaissance aux calendes de septembre; si l'herbage est sec, défendez-en l'entrée lorsque les poiriers commenceront à fleurir; si la prairie est arrosée, la dépaissance cessera aussitôt que les voisins de chaque côté le permettront, ou bien prenez avec eux un jour fixé d'avance. Dans tout autre cas, le pâturage cessera aux calendes de mars. Le maître se réservera le droit, pendant toute la durée du pacage, de mettre sur son terrain une paire de boeufs domptés et un cheval de somme : il se réservera également l'usage des légumes, des asperges, des bols, de l'eau, et le droit de passage. Si l'herbager ou les gardiens font éprouver quelque dommage au propriétaire, on s'en référera à la décision d'un homme juste : il en sera de même si le locataire a été lésé soit car le propriétaire, soit par ses gens, soit par ses troupeaux. Jusqu'à ce que le prix de location ait été payé en numéraire ou par hypothèque, les troupeaux et ceux qui les soignent servent de nantissement au propriétaire; s'il s'élève des contestations sur différents points, elles seront portées au tribunal de Rome.

CL. Cession du revenu d'un troupeau.

Conditions pour la cession du rendement d'un troupeau de brebis. L'usufruitier donnera au propriétaire pour chaque tête une livre et demi de fromage mi-sec, la moitié du lait qu'on traira les jours de fêtes, et de plus une urne de lait. A ces conditions on comptera comme faisant partie de l'usufruit tout agneau qui aura vécu un jour et une nuit, et l'usufruit finira aux calendes de juin; ce sera à celles de mai si l'année est intercalaire. Le preneur ne promettra pas plus de trente agneaux. Les brebis non fécondes seront comptées sur le pied de deux pour une, relativement à la rente. Les agneaux et la laine ne se vendront qu'en plein jour. La caution ne sera levée qu'après dix mois. Le petit-lait de dix brebis servira à l'engraissement d'un porc. Le preneur fournira aussi pendant deux mois un berger qui servira de gage jusqu'à ce que le propriétaire soit payé ou soldé en hypothèques.

CLI. Manière de semer le cyprès.

Je dois à M. Percennius Nolanus la manière de recueillir et de semer la semence de cyprès, de multiplier cet arbre et de le disposer en baquets. La semence du cyprès de Tarente se récolte au printemps, tandis que le bois ne s'abat qu'au moment où l'orge jaunit. On expose au soIeil la semence ainsi récoltée; on la nettoie, et. on la serre bien sèche dans un endroit chaud. On sème au printemps dans cette terre très légère que nous nommons friable, et dans un endroit peu éloigné de l'eau. On commence par distribuer sur le terrain une bonne couche de fumler de chèvre ou de moutons. Vous retournerez le terrain avec le bident , vous incorporerez l'engrais avec le sol, que vous débarrassez des plantes adventices et des gramens. Après avoir exactement pulvérisé la terre, disposez-la par planches de quatre pieds de large, et légèrement concaves afin qu'elles puissent retenir l'eau, et entre do-cime desquelles vous ménagerez un sentier, afin de pouvoir arracher les mauvaises herbes; sur les planches ainsi arrangées vous répandrez la semence de cyprès, aussi drue que pour le lin. Vous la recouvrirez, à l'épaisseur d'un demi travers de doigt, avec de la terre que vous ferez passer par le crible. Vous aplanirez la surface soit avec une planche, soit avec vos mains, soit avez vos pieds. SI les pluies se font attendre au point que la terre se dessèche, introduisez sur les planches une légère lame d'eau. SI vous n'avez pas un cours d'eau, transportez-en sur vas planches, et arrosez doucement. II faut arroser chaque fois que le besoin s'en fait sentir. Arrachez les mauvaises herbes aussitôt qu'elles paraissent, et si faibles quelles soient; arrachez-les surtout pendant l'été, et toutes les fois que vous en sentirez la nécessité. Ces précautions sont de rigueur: et dès que la semaine est faite il faut rouvrir la terre d'un paillis, qu'on enlève dés que les cyprès commencent à germer.

CLII. Balais suivant L. méthode de Memius et de Manlius.

Procédés des Manlius pour faire les balais de branchages. Pendant les trente jours qui suivent la vendange, Il faut faire des balais avec des ramilles sèches prises sur un orme, et liées autour d'un bâton. On s'en sert pour frotter les flancs intérieurs des futailles, afin que les lies ne s'atta¬chent pas à leurs parois.

CLIII. Vin de lies.

Ayez pour cela deux cabacs à olives de Campanie, remplissez-les de lies, placez-les sous le pressoir, et exprimez-en le vin.

CLIV. Manière de mesurer le vin aux acheteurs.

Manière commode de délivrer le vin aux acheteurs. Ayez pour cela une cuve de la contenante d'un culleus, munie sur ses bords de quatre anses qui en faciliteront le déplacement. Percez-la au fond d'un trou exactement fermé par un robinet. Percez-la également d'un trou affleurant la contenance d'un culleus. Placez-la au milieu des futailles sur une élévation, afin que le vin qui y est contenu puisse s'érouler dans le culleus de l'acheteur : quand celui-ci sera rempli, fermez votre cuve.

CLV. Pendant l'hiver procurer un écoulement à l'eau des champs.

Il faut dessécher les terres arables pendant l'hiver. Sur les hauteurs on tiendra bien évidées les rigoles d'écoulement. C'est surtout à l'entrée de l'automne, quand la terre est pulvérulente, qu'il faut redouter la présence de l'eau. Lorsque la pluie s'annoncera, on emmènera tous ses gens avec des fourches et des sarcloirs, pour ouvrir les canaux d'écoulement et conduire l'eau sur les chemins, afin qu'elle ne séjourne pas sur les récoltes. Quand il pleuvra sur la ferme, on explorera tous les bâtiments; et si l'eau filtre quelque part, on indiquera avec du charbon les endroits où les tuiles demandent à être remplacées. Pendant la moisson, si l'eau demeure stagnante, soit sur les javelles, soit sur les blés en tige, soit dans les rigoles, il faut écarter et détourner les obstacles qui s'opposent à son écoulement.

CLVI. Remèdes prépares avec les choux.

Le chou est le premier de tous nos légumes. On Ie mange cru ou cuit. Si on veut le manger cru, on le fait macérer dans du vinaigre. Il se digère à merveille, relâche le ventre et les voies urinaires; c'est, dans tous les cas, une nourriture saine. Si dans un repas vous désirez boire largement et manger avec appétit, mangez auparavant des choux confits dans du vinaigre, et autant que bon vous semblera; et de même après le repas mangez-en cinq feuilles environ, vous serez comme si vous n'aviez ni bu ni mangé, et vous pourrez de nouveau boire à votre aise. Si vous avez l'épigastre embarrassé, prenez quatre livres d'une espèce de chou très légère, faites en trois bouquets égaux; ficelez-les. Mettez ensuite sur le feu une marmite pleine d'eau, et jetez-y un des bouquets dès que le premier bouillon paraîtra. Lorsqu'ensuite elle recommencera à bouillir, enfoncez-le un peu, et laissez-le pendant que vous compterez jusqu'à vingt-cinq : retirez-le alors. Procédez de même pour le second et pour le troisième bouquet; mettez-les ensuite ensemble et pilez-les. Après les avoir retirés, exprimez-en le suc à travers un linge dans une petite coupe en terre, à la quantité d'une hémine. Jetez-y un grain de sel gros comme une lentille, du cumin grillé seulement pour lui en donner l'odeur : exposez ensuite la coupe à l'air pendant une nuit sereine. Celui qui voudra boire de cette liqueur prendra auparavant un bain chaud, boira de l'eau miellée, et se couchera à jeun. Le lendemain II prendra la potlon, se promènera pendant quatre heures, et vaquera à ses affaires s'il en a à soigner. Aussitôt que l'envie de vomir le saisira, Il se couchera et se purgera. Il évacuera une si grande quantité de bile et de pituite, que lui-même se demandera avec surprise d'où elle peut provenir. Lorsqu'ensuite il ira à la selle, il boira une hémine d'eau, ou un peu plus. S'il continue à être relâché, il prendra deux conges de fine farine, qu'il jettera dans l'eau; il en boira un peu, et ne sera plus tourmenté. Si on est travaillé par la colique, on fera macérer des choux dans de l'eau ; après la macération on les jettera dans de l'eau chaude, et on les fera cuire jusqu'à ce qu'ils s'amollissent. Après avoir décanté l'eau, on assaisonnera avec du sel, un peu de cumin et de fin gruau. On y ajoutera aussi de l'huile, et on fera bouillir; après quoi on versera sur un plat pour laisser refroidir. On les mêlera, pour les manger, avec tel autre aliment qu'on voudra : mais on fera mieux de manger les choux seuls, si on le peut. Si l'on n'a point de fièvre, on les prendra avec un vin noir et dur, et on ne boira que le moins d'eau possible, mais s'il y a fièvre, il faudra adopter l'eau. On en fera prendre tous les matins, mais peu à la fois, afin de ne pas provoquer le dégoût, et qu'on les trouve toujours agréables. On les administrera de la mérite manière aux hommes, aux femmes et aux enfants. J'arrive maintenant à ceux qui ont les voies urinaires trop resserrées et embarrassées. Prenez des choux et jetez-les dans l'eau bouillante, faites-les cuire un peu, pour leur enlever leur crudité : ensuite décantez presque toute l'eau; ajoutez-y beaucoup d'huile, du sel, et un peu de cumin; faites bouillir. On en avalera le bouillon froid et on mangera les choux, et cela tous les jours, afin que le remède soit plus prompt.

CLVll. Variétés et qualités des choux.

Avant tout il convient de connaître le caractère et les propres les des diverses espèces de choux. II entretient la santé, et s'allie merveil¬leusement avec le chaud, le sec, l'humide, le doux, l'amer et l'âcre: il réunit à lui seul les pro¬priétés de ce remède compose qu'on appelle des sept vertus. Abordons maintenant l'étude des es-pètes. La première est nommée lisse; elle est grande, à feuillage étalé, la tige haute. Elle est robuste et possède une grande vertu. La seconda espèce est crispée et se nomme apiacon ; le port de cette espèce en révèle les propriétés médicina¬les; elle est plus énergique que la précédente. La troisième, que l'on appelle douce, a une tige courte; sa feuille est tendre, mais la plus amère de toutes, et son suc peu abondant a un effet violent. Sachez d'abord qu'elle possède plus de propriétés médicinales que les autres espèces de choux. On l'applique pilée sur toutes les plaies et sur toutes les tumeurs. Ce topique nettoiera tous les ulcères, et les guérira sans douleurs. Elle travaille les abcès et les ouvre. Elle nettoie et guérit les plaies Infectes, et les cancers qui résistent aux autres remèdes. Mais avant de l'appliquer, passez-la à l'eau chaude, et faites-en deux cataplasmes par jour: vous cultiverez ainsi toute l'infection. Le cancer noir sent mauvais, et jette une sanie dégoûtante. Le cancer blanc est aussi purulent; mais le cancer fistuleux ne s'épure que sous la chair à l'intérieur. Pilez du chou sur toutes ces sortes de maux, et vous les guérirez : c'est ce qu'il y a de mieux pour ces affections. Vous guérirez pareillement les luxations en les lavant deux fois par jour avec de l'eau chaude, et en y appliquant du chou pilé. Si vous en mettez deux fois par jour, vous couperez la douleur, et s'il y a contusion vous la résoudrez et la guérirez. Le chou broyé guérit aussi les ulcères et les chancres qui naissent aux mamelles. Si l'ulcère ne peut supporter l'acrimonie du chou, mêlez à celui-ci de la farine d'orge, et appliquez-le ensuite : il guérira tous les ulcères de cette nature, tandis qu'aucun autre remède n'eût pu ni les guérir ni les nettoyer. Pour guérir les ulcères des enfants et des jeunes filles, mêlez au chou de la farine d'orge. Si vous voulez couper, laver et faire sécher des feuilles de chou que vous faites digérer dans du sel et du vinaigre, vous obtiendrez un aliment des plus sains. Pour le rendre plus agréable, vous l'arroserez de vinaigre miellé, vous l'aromatiserez de menthe sèche, de rue, de coriandre pilet, et vous y mettrez du sel. Cet aliment est excellent, détruit la source de toutes les maladies; il a des propriétés laxatives, et guérit les maux dont le corps contiendrait déjà le germe. Maux de tête, maux d'yeux, il chasse tout, ii guérit tout. Il faut le prendre à jeun le matin. Il guérit la mélancolie, le spleen, les palpitations de coeur, les maladies du foie, des poumons, les tiraillements des entrailles, et toutes les douleurs internes. Ratissez dessus du laser, et vous le rendrez meilleur. Lors que tous les viscères gorgés de nourriture ne peuvent s'insinuer dans toute la masse du corps, il en résulte toujours quelque maladie. Lorsque votre estomac surchargé par un excès d'aliments ne peut évacuer, mangez du chou préparé comme Il a été dit, et en proportion de la consommation que vous avez faite; et vous n'aurez à redouter aucune maladie. Rien n'est si efficace contre la goutte que le chou cru, si on le mange associé à la rue et à la coriandre, ou bien assaisonné de laser ratissé, d'oxymel et de sel. Ce remède rendra le mouvement à toutes les phalanges végétales ; il n'est pas dispendieux; et d'ailleurs, le fût-il, il faudrait en essayer pour sa santé. C'est à jeun qu'il faut le prendre. On guérira par le même moyen les personnes sujettes aux insomnies, en leur administrant du chou grillé, frotté d'huile lorsqu'il est chaud, et légèrement salé. Plus elles en mangeront, plus prompte sera leur guérison. Ordonnez le traitement suivant à ceux qui ont des tranchées : Faire bien macérer des feuilles de chou, les mettre dans une marmite, et les laisser bouillir; décanter l'eau après la cuisson, ajouter beaucoup d'huile, un peu de sel, du cumin et du fin gruau; faire bouillir de nouveau, puis dresser sur un plat. On mangera le chou sans pain, s'il est possible; sinon on y fera tremper un peu de pain : s'il n'y a pas de fievre, on donnera du vin bien coloré. La guérison sera prompte. Si une personne débile fait usage du chou ainsi apprêté, elle reprendra bientôt ses forces. Voici qui est plus surprenant : Conservez l'urine d'une personne qui aura mangé des choux, faites-la chauffer, préparez-en un bain à une personne malade : elle sera guérie. Cela est sanctionné par l'expérience. Si vous lavez de cette urine les enfants d'une constitution débile, ils deviendront robustes pour toujours, et ceux dont la vue sera affaiblie verront plus clair en frottant leurs yeux de ce liquide. Les maux de tête et de cerveau disparaîtront, si on lave ces parties avec cette urine. Jamais la femme ne manifestera d'exhalaisons spécliales à certaines régions quand elles auront été lavées avec cette urine; et voici comment elle devra s'y prendre. Aussitôt que l'urine aura bouilli dans un vase en cuivre, on placera celui-ci sous une chaise percée sur laquelle la femme s'asseoira, et on l'enveloppera de ses vêtements. Le chou sauvage possède les propriétés les plus énergiques. II faut le faire sécher, et le broyer bien menu. Si l'on veut purger quelqu'un, on lui défend de souper la veille, et le lendemain matin on lui administre à jeun le chou broyé, à la dose de quatre cyathus d'eau. Ce purgatif, supérieur à l'ellébore et à la sammonée, n'a pas de suite fâcheuse, et fortifie le corps : il opérera même sur les malades désespérés. Voici comment il convient de traiter celui qui prend le remède. Administrez-le sous forme liquide pendant sept jours : si le malade veut manger, donnez-lui du rôti; si cette nourriture lui répugne, donnez-lui du chou cuit et du pain, du vin trempé : défendez le bain et prescrivez les frictions huileuses. Celui qui se sera ainsi purgé jouira longtemps d'une bonne santé, et ne sera jamais malade que par sa faute. Si quelqu'un est affligé d'un ulcère récent ou invétéré, appliquez-lui de ce chou sauvage, sur lequel vous aurez versé de l'eau, et il sera guéri. Si c'est une fistule, introduisez à l'intérieur une tente de ce chou; si la fistule ne peut recevoir la tente, délayez le chou, introduisez-le dans une vessie a laquelle vous adapterez un tuyau; pressez les flancs de la vessie, afin que la préparation entre dans la fistule. Ce remède sera infaillible. Le chou broyé avec du miel guérit aussi les ulcérations récentes et invétérées sur lesquelles il a été appliqué. S'il vous est venu un polype dans le nez, mettez dans le creux de la main du chou sauvage broyé, et approchez-le des fosses nasales : aspirez fortement. Au bout de trois jours le polype disparaîtra. Aussitôt qu'il sera tombé, continuez encore le remède pendant quelques jours, afin de détruire les racines mêmes du polype. SI vous êtes quelque peu sourd, broyez des feuilles de chou avec du vin, exprimez le suc, que vous instillerez tiède dans votre oreille; et sous sentirez aussitôt que vous entendez plus clairement. Appliqué à faible dose sur les dartres, le chou les fait disparaître sans déteminer d'ulcération.

CLVIII. Préaprations laxatives.

SI vous voulez que le canal digestif demeure libre, mettez dans une marmite six setiers d'eau, et l'extrémité osseuse d'un jambon. A défaut de cette dernière partie employez un morceau de jambon d'une demi-livre, et coupé dans la partie la moins grasse. Lorsque la cuisson touche à son terme, ajoutez-y deux petites têtes de choux, deux bettes avec leurs racines, un peu de polypode, de mercuriale, deux livres de muscles, un têtard, un scorpion, six escargots, et une poignée de lentilles. Faites réduire toutes ces substances jusqu'à trois setiers, sans y mettre d'huile. Prenez un setier de ce breuvage lorsqu'Il sera tiède; ajoutez-y un cyathus de vin de Cos; buvez et reposez-vous. Prenez de même la seconde et la troisieme portion, et vous serez purgé. SI vous voulez boire par-dessus du vin de Cos, vous en avez la liberté. De toutes les substances que je viens d'indiquer, une seule suffirait pour relâcher; mais leur réunion constitue un breuvage aussi efficace qu'agréable.

CLIX. Remèdes contre les écorchures.

Quand on voyage, on préviendra les écorchures en portant sous l'anus un petit rameau de grande absynthe.

CLX. Charme contre les luxations.

Le charme suivant guérit les luxations : Prenez un roseau vert de quatre ou cinq pieds de long; coupez-le par le milieu, et que deux hommes le tiennent sur vos cuisses; commencez à chanter: IN ALIO, S. F. MOTAS VAETA, DARIES DARDARIES ASTATARIES DISSUNAPITER, et continuez le charme jusqu'à ce que les deux morceaux soient réunis; agitez un fer au-dessus; lorsque les deux parties seront réunies et se toucheront, saisissez-les, et coupez-les en tous sens : vous en ferez une ligature sur le membre cassé ou fracturé, et il sera guéri. Cependant pour un membre démis ou cassé, répétez tous les jours le même charme ; ou le suivant, pour une fracture : HUAT HANAT HUAT ISTA PISTA SISTA, DOMIABO DAMNAUSTRA; ou bien encore: HUAT HAUT HAUT ISTA SIS TARSIS ARDANNABON DUNNAUSTRA.

CLXI. Manière de cultiver les asperges.

Il faut défoncer un sol convenablement humide, ou un terrain bien engraissé. Après le défoncement, on le disposera en planches, afin qu'on puisse sarcler et nettoyer à droite et à gauche sans piétiner la terre. Dans la formation des planches, on ménagera autour de chacune d'elles un sentier d'un demi-pied de largeur; on seine ensuite en ligne, en mettant deux ou trois semences dans un trou fait au plantoir, et qu'on recouvre ensuite de terre. L'ensemencement terminé, on éparpille du fumier sur la surface des planches vers l'équinoxe du printemps; lorsque le germe poussera, on sarclera fréquemment, en faisant attention de ne pas arracher les asperges avec les mauvaises herbes. La premiere année de la plantation, on couvrira le semis de paillis pendant l'hiver, pour le préserver des gelées. Au printemps on le découvrira, on le sarclera et on le nettoiera.
Après la troisième année qui suit l'ensemencement on brûle les tiges au printemps. Gardez-vous bien de sauler avant la poussée des tiges, car le saulage pourrait offenser les racines. A la troisième ou la quatrième année, vous couperez les asperges sur les racines; car si vous les cassez, Il se formera de nouvelles souches qui s'étoufferont. Vous pourrez les couper jusqu'à ce qu'ils montent en graine. Les semences murissent à l'automne; lorsqu'elles auront été récoltées, on mettra le feu aux tiges et on recommencera à sarcler et à fumer dès que l'asperge poussera. L'asperge est déjà au déclin vers la huitième ou la neuvième année; on l'arrache alors, pour la transporter dans un autre terrain bien défoncé et bien fumé. On fait des tranchées destinées à recevoir les pattes d'asperge. On ne doit pas laisser entre celles-ci un intervalle de moins d'un pied. En les arrachant creusez tout autour, afin que l'extraction ne présente pas de difficultés; prenez garde surtout de les déchirer. Entourez-les d'une bonne dose de fumier de mouton, c'est le meilleur pour cet objet : tout autre engrais favorise la multiplication des mauvaises herbes.

CLXII. Salage des jambons, fricandeaux de Pouzzoles.

Procédé pour saler les jambons dans une futaille ou dans un saloir. Lorsque vos jambons seront achetés, retranchez-en l'extrémité osseuse. Employez pour chacun un muid de sel romain trituré. Mettez-en un lit au fond de la tonne ou du saloir : stratifiez vos jambons en plaçant la peau en bas, et mettez une seconde couche de sel. Faites un second lit de jambons, que vous couvrez de la même manière. Prenez bien garde que les chairs ne soient en contact, et couvrez-les tous de sel. Lorsque tous les jambons seront entonnés, mettez au-dessus une couche de sel qui les couvrira et que vous égaliserez. Après qu'ils auront séjourné dans le sel pendant cinq jours, enlevez-les avec le sel. Replacez au fond du saloir les jambons qui étaient à la surface, couvrez-les et stratifiez-les comme précédemment. Après l'intervalle de douze jours retirez définitivement les jambons, secouez-en le sel, et mettez-les à un courant d'air pendant deux jours. Essuyez-les avec une éponge le troisième jour, et frottez-les d'huile; suspendez-les à la fumée pendant deux jours, après quoi vous les retirerez. Frottez-les d'huile et de vinaigre mêlés ensemble, suspendez-les au garde-manger : ils ne seront attaqués ni par les teignes ni par les vers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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