Quid du KHAT ? De la plante à la drogue de synthèse.
Les dépêches d'agences de presse tombent de plus en plus souvent - Agence Télégraphique Suisse (ATS) :
.../..."un arbuste poussant en Afrique orientale et dans la péninsule arabique, il est utilisé comme stimulant nerveux. Il se présente sous forme de bottes enveloppées dans une grande feuille de bananier pour conserver l’humidité. Le principe actif est le cathinone (alcaloïde) contenu dans les feuilles".
.../..."Saisies de stupéfiants des États-Unis d'arbustes à la hausse
Par Donna Leinwand, USA TODAY
Le khat, un stupéfiant se présentant sous forme de feuilles et qui est depuis longtemps populaire en Afrique de l'Est et dans la péninsule d'Arabie saoudite, est de plus en plus répandue aux Etats-Unis, "principalement en raison d'un afflux d'immigrants provenant de pays comme la Somalie et le Yémen", estiment les responsables américains".
© Photo : Marc Bonodot - Douanes françaises |
Remerciements au Service Presse du Bureau de l'Information et de la Communication de la Direction Générale des Douanes et des Droits Indirects - site à consulter Douanes Françaises
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Courant 1975, dans l'un des centres de recherche du Ministère de la Justice français, alors que nous étudiions "l'émergence de nouvelles formes de toxicomanies", le Khat n'était pas apparu comme la forme de drogue la plus inquiétante pour les mineurs. Pour une simple raison ayant trait à la particularité des feuilles de khat de devenir beaucoup moins actives en sèchant. C'est la raison pour laquelle, les saisies montrent que les feuilles de l'arbuste sont soigneusement serrées dans des feuilles de bananier. A cette époque, notre inquiétude se portait sur l'inhalation de substances autrement plus toxiques : l'essence et les colles.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a jamais considéré le khat comme une drogue très dangereuse, comme en témoigne le tableau ci-dessous. Une dépendance psychologique certaine (liée à la stimulation du plaisir pr la dopamine) ; une fatigue et une légère dépression faisant suite à une prise, comme toutes les substances qui excitent le système nerveux central : cocaïne, amphétamines, avec, toujours possible, un accident concernant les personnes fragiles. De plus, il faut mâcher des quantités importantes de khat pour obtenir l'effet recherché.
Alors où est le problème ? Y en-t-il un ?
En grande-Bretagne le khat est autorisé, transformant nos voisins en plaque-tournante de distribution.
Le khat sera sans aucun doute de plus en plus utilisé dans les "rave parties", pour "tenir le coup" toute la nuit. Mais, il y a plus grave. Inéluctablement, les traffiquants proposeront le khat sous forme synthétique. Une forme plus puissante sous un volume plus petit, c'est la trajectoire évidemment souhaitée par les traffiquants.
Et là, le risque d'overdosage devient certain. Habitués à la drogue végétale, le pas est plus facilement franchi par l'utilisateur vers la drogue synthétique.
C'est aussi, comme toutes les drogues, une forme de dépendance même légère à un substance, l'installation d'une nouvelle économie parallèle, le source de violences et d'actes de déliquance. La très grande difficulté à réinsérer des jeunes qui gagnent un demi-smic par jour pour un "travail" en relation avec la drogue.
Il faut donc relativiser : pas d'alarmisme, le khat ne fera jamais autant de ravage que l'alcool.
Continuons d'avancer sur une meilleure connaissance de la drogue végétale :
Propriétés Les jeunes feuilles de khat ont la composition chimique approximative suivante par 100 g de poids frais: 90 g d’eau, 5–6 g de protéines, 2–3 g de fibres, 1,6 g de tanins (polyphénols), 0,3 g de calcium et 0,2 g d’acide ascorbique (vitamine C). Elles contiennent aussi des alcaloïdes du type phénylalkylamine, comprenant la cathinone (= (–)-a-aminopropriophénone), la cathine (= norpseudoéphrédine) et un certain nombre de cathédulines, représentant au total 0,1–0,8% du poids sec. Les concentrations d’alcaloïdes dans les feuilles âgées et les autres parties de la plante sont beaucoup plus faibles. La cathinone est le principal élément déterminant des effets stimulants du khat et est dix fois plus puissante que la cathine. | ![]() |
![]() | La cathinone est hautement instable et son contenu diminue jusqu’à des niveaux très faibles dans les quelques jours qui suivent la récolte. Ceci explique la préférence qu’ont les chiqueurs de khat pour les jeunes feuilles fraîches, la qualité que les gens perçoivent étant étroitement corrélée au contenu en cathinone. http://albarsark.com/wordpress/?p=12690 |
La cathinone stimule le système nerveux central d’une façon similaire aux amphétamines. Les effets initiaux s’expriment par l’exaltation, l’éveil, l’euphorie et l’absence de fatigue. Le grand volume de feuilles nécessaires pour obtenir ne serait-ce que de légers effets stimulants limite l’absorption des substances actives et rend le khat considérablement moins dangereux que les drogues psycho-actives disponibles sous forme chimiquement pure. Généralement, seul un faible degré de dépendance découle de l’usage du khat. La mastication excessive de khat peut causer l’insomnie, le manque d’appétit (anorexie), l’hypertension et la psychose toxique, et peut contribuer à des problèmes socio-économiques. Les tanins astringents présents dans le khat peuvent entraîner la gastrite, la stomatite, l’oesophagite et la périodontite. La forte teneur en vitamine C donne aux feuilles de khat une certaine valeur nutritive. Des essais sur les animaux ont montré des effets antispasmodiques, analgésiques, embryotoxiques et tératogènes du khat. | suite Des essais sur des volontaires qui ont chiqué du khat régulièrement ont montré une augmentation significative et progressive de la pression sanguine et du rythme cardiaque et une chute de l’émission d’urine pendant la période de mastication, et ont également suggéré que la consommation de khat, particulièrement lorsqu’elle est accompagnée de consommation d’alcool ou de tabac, peut être une cause potentielle de malignités orales. Le poids à la naissance de bébés provenant de mères mastiquant du khat était significativement plus bas. |
COMPOSITION CHIMIQUE Chemicals and their Biological Activities in: Catha edulis VAHL (Celastraceae) -- Khat
Chemicals ASPARAGIC-ACID Plant: CAOUTCHOUC Plant: CATECHINS Leaf 140,000 ppm; CATHIDINE Leaf 3,200 ppm; CATHINE Leaf 2,700 ppm; CATHININE Leaf 1,500 ppm; DULCITOL Plant: EPHEDRINE Leaf: L-CATHINONE Leaf: MANNITOL Plant: MYRICITRIN Plant: NOR-PSI-EPHEDRINE Plant: NORISOEPHEDRINE Leaf: PSI-EPHEDRINE Leaf: ppm = parts per million |
Article paru dans Horizons n° 81 de juin 2009, magazine du Fonds national suisse de la recherche scientifique (trimestriel) :
KATJA REMANE
ÉTHIOPIE - Le khat est inscrit sur la liste des stupéfiants dans beaucoup de pays occidentaux. Dans certains pays arabes et d'Afrique de l'Est, il est en revanche cultivé et consommé depuis des siècles. A l'image de l'Ethiopie où il fait partie de la vie quotidienne.
«Non, je ne suis pas accro au khat. Si j'arrête d'en consommer, je me sens juste fatigué durant la première semaine, affirme Ebsa Ebrosh (30 ans), en enfournant une poignée de feuilles dans sa bouche. Mais les contacts sociaux et les discussions me manqueraient.» Nous sommes assis avec une quinzaine d'Ethiopiens dans le salon de khat d'Ibrahim Oumar, dénommé Ibro, marchand de khat à Aweday.
Ses affaires marchent bien. Au point que l'an dernier, il a pu agrandir sa maison et construire un nouveau salon, plus spacieux. Pour assurer le confort des invités, il y a des matelas et beaucoup de coussins. Ainsi qu'une grande télévision. Les amis d'Ibro se retrouvent chez lui depuis des années, pour mâcher les fameuses feuilles et discuter. «Regarde, celui-là, on l'appelle 100 birrs, parce qu'il vend des portions de khat à 100 birrs. Et lui, 1000, car c'est un revendeur qui écoule de plus grandes quantités», explique Ebsa Ebrosh. 100 birrs valent environ dix francs suisses. A Aweday, la plupart des hommes dépensent de 20 à 100 birrs par jour pour leur dose. A titre de comparaison, le revenu par tête d'habitant s'élève à environ 25 birrs par jour en Ethiopie.
Mais les vendeurs de khat gagnent bien plus. Les hommes arrivent chez Ibro à partir de 15 heures. Chacun apporte sa portion, emballée dans du plastique, car les feuilles fraîches font plus d'effet. Proche de l'amphétamine Les feuilles de khat contiennent de la cathinone, une substance active proche de l'amphétamine. Ici, tout le monde s'accorde pour dire que le khat «donne de l'énergie, stimule la concentration et que c'est un bon business». Mais lorsqu'on s'intéresse aux gains, les consommateurs deviennent soudain moins loquaces. «Les affaires varient beaucoup en fonction de la saison», se contentent-ils de répondre. Le salon commence à se vider vers 18 heures. La plupart d'entre eux sont en effet aussi des marchands et c'est le soir et la nuit qu'ils font les meilleures affaires.
«Aweday est le plus grand marché national et d'exportation de khat d'Ethiopie», relève l'ethnologue Ephrem Tesema (38 ans). Ce père de deux enfants rédige une thèse sur les aspects économiques et politiques du khat (Catha edulis) en Ethiopie, sous la direction du professeur d'ethnologie Till Förster de l'Université de Bâle et dans le cadre du Pôle de recherche national (PRN) Nord-Sud. «Le khat est un sujet sensible, à la limite entre la légalité et l'illégalité, le formel et l'informel. C'est pourquoi peu de statistiques fiables sont disponibles, souligne le professeur Förster. Le but de la recherche est aussi de comprendre les interactions entre l'Etat et les divers acteurs du khat.»
La petite ville d'Aweday, dans l'est du pays, se situe à environ 500 km de la capitale Addis-Abeba et à moins de 200 km de la frontière somalienne. Le khat est exporté par camions durant la nuit vers la Somalie, Djibouti ou la péninsule arabique, au Yémen. Le reste est destiné aux citadins aisés de la capitale ou à l'exportation vers Londres (où le khat est légal).
C'est ce que l'on apprend sur le marché, encore très animé à minuit. Le doctorant éthiopien estime que 72 tonnes de khat sont exportées du pays quotidiennement. Le khat est la deuxième denrée d'exportation après le café. Pour Ephrem Tesema, le khat est une bonne alternative à la culture du café dont les cours sur le marché mondial ne cessent de chuter. En Ethiopie orientale, où l'on produit la majorité du khat et le meilleur, son exportation est deux fois plus lucrative que celle du café.
A Aweday, toute la vie tourne autour du khat. La majorité des gens sont soit cultivateurs, revendeurs, exportateurs ou transporteurs. Les cultivateurs de khat sont mieux lotis que les autres paysans de montagne d'Ethiopie, pays dont environ 10% des habitants dépendent de l'aide alimentaire depuis les années 1980. Le paysan Mohamed Bijha consomme du khat pour les travaux éprouvants. Sur son lopin de terre de 1,5 hectare, il le cultive avec du maïs et des oignons. La vente du khat lui a permis d'acheter l'an dernier une maison et un petit magasin pour un de ses fils. Ses six enfants vont à l'école et l'aîné étudie même à l'université. Lui, en revanche, ne sait ni lire ni écrire. Une dépendance plutôt sociale Le khat est surtout une aubaine pour les marchands. Les femmes dominent le marché le matin, pendant que les hommes dorment encore. «Je suis dans le business depuis dix ans et nous sommes toujours plus de femmes», indique Iftu Bakar. Elle travaille de 6 heures à 10 heures et de 18 heures à 22 heures. Son mari transporte du khat du village au marché durant la nuit. «C'est une vie de couple normale à Aweday. La vente de khat me permet de payer l'école privée de mes quatre enfants car les écoles publiques ne sont pas bonnes ici», argue la jeune mère de 30 ans qui n'a fait que quatre ans d'école primaire. Elle consomme elle-même régulièrement du khat. Ce qui lui coûte autant que de nourrir toute sa famille. «Peu de femmes consomment régulièrement du khat. Car la tradition nous l'interdit», précise-t-elle.
Lors de ses interviews dans les salons de khat, le doctorant mâche lui aussi les feuilles tant prisées. Selon lui, il n'y a pas de risque d'addiction physiologique mais plutôt une dépendance sociale. «En fonction de la fréquence de la consommation, le khat peut conduire à une dépendance psychologique mais pas à une dépendance physique», confirme le spécialiste du khat et professeur de pharmacologie à l'Université de Berne Rudolf Brenneisen. Ses tests cliniques montrent qu'une consommation chronique provoque de l'insomnie et perturbe le rythme diurne/nocturne. L'imagination est stimulée, la faim et la fatigue disparaissent. On observe une légère euphorie, de l'hyperactivité et de la logorrhée.
Le comité d'experts de la pharmacodépendance de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé pour la deuxième fois en 2006 de ne pas mettre le khat sur la liste internationale des stupéfiants, le risque de dépendance étant considéré comme faible. Le khat est néanmoins interdit dans la plupart des pays occidentaux, y compris en Suisse. Ce qui n'est pas le cas en Angleterre ni aux Pays-Bas. «En Europe et aux Etats-Unis, le khat est principalement consommé par la diaspora de Somalie, d'Ethiopie et du Yémen», remarque Beate Hammond de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) à Vienne.
«Les affaires sont en plein essor, de nouveaux salons de khat voient le jour partout et surtout dans la capitale», constate le chercheur du PRN Nord-Sud qui a observé plusieurs catégories de maisons de khat à Addis-Abeba. Les classes moyennes et supérieures préfèrent se retrouver dans des villas privées, protégées des regards indiscrets. Pour y avoir accès, il faut être connu ou introduit. Chacun apporte son khat et paye le propriétaire des lieux pour les prestations fournies telles que boissons, repas, cigarettes, narguilé, TV ou vidéo. On y joue aussi aux cartes pour de l'argent. Dans la zone grise «En Ethiopie, le khat est légal faute de législation. La position du gouvernement n'est pas claire. D'un côté, il vend des licences pour la vente et l'exportation et, de l'autre, la police ferme régulièrement des salles de khat», fait valoir le chercheur éthiopien. Ce que confirme l'exemple de Ziynidin, appelé Zidane, propriétaire d'une des dix-sept boutiques de khat d'un quartier d'étudiants d'Addis-Abeba. La vente à l'emporter est légale, moyennant une licence relativement chère mais abordable. «Il n'existe aucune autorisation pour les maisons de khat», déclare Zidane qui a ouvert son échoppe de khat il y a huit mois.
L'aménagement est modeste: de simples bancs en bois, des caisses de boissons comme tables et une bâche en plastique en guise de toit. La plupart des clients sont de jeunes intellectuels ou des étudiants, des hommes uniquement. Ils lisent le journal, étudient ou discutent. Certains viennent tous les jours, d'autres une fois par semaine. Une charge pour le budget familial «Je prends toujours du khat avant un examen parce que cela améliore ma concentration», note un étudiant, en ajoutant que plusieurs locaux de khat ont été bouclés durant les dernières élections car le gouvernement craignait qu'ils ne facilitent la conspiration politique. Un traducteur a une autre explication: «De nombreux fonctionnaires s'y retirent pour mâcher du khat durant les heures de bureau, ce qui coûte trop d'argent et de temps.»
«D'un point de vue économique, le khat est certainement un fléau, notamment en raison de la charge immense qu'il fait peser sur les budgets familiaux et les millions d'heures de travail perdues durant les sessions de khat quotidiennes», juge aussi le professeur Brenneisen. Pour le pharmacologue, il est toutefois plutôt un bienfait d'un point de vue social et sanitaire, à condition d'être consommé de façon modérée. Il est en effet également utilisé comme plante médicinale. Son interdiction remettrait de plus en question une tradition de plusieurs siècles. «Il ne faut pas oublier que le khat est en fait l'alcool de l'islam, mais avec une toxicité aiguë et chronique bien inférieure», conclut-il. I
Note : *Article paru dans Horizons n° 81 de juin 2009, magazine du Fonds national suisse de la recherche scientifique (trimestriel).
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Alerte à la méphédrone
ALERTE A LA MEPHEDRONE
Par Cyrille Louis
06/04/2010 | Mise à jour : 08:53 Réactions
Ce produit de synthèse aurait déjà causé plusieurs décès en Grande-Bretagne. Les autorités françaises envisagent son interdiction.
L'émergence de la méphédrone sur le sol français préoccupe depuis plusieurs semaines les autorités chargées de lutter contre la toxicomanie. Ce stimulant de synthèse, qui connaît depuis l'été dernier un succès considérable outre-Manche, est en effet soupçonné d'être impliqué dans une bonne vingtaine de décès survenus en Angleterre et en Écosse. Sans attendre qu'elle déferle sur l'Hexagone, la Commission nationale des stupéfiants a récemment lancé une procédure d'évaluation en vue de son possible classement sur la liste des produits illicites. «Nous devrions être en mesure de nous prononcer avant l'été sur l'opportunité d'une telle mesure», précise Fabienne Bartoli, directrice adjointe de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
Des milliers de gélules interceptées
Totalement inconnue il y a encore peu, la méphédrone est l'une des multiples drogues de synthèse qui, imitant les effets «euphorisants» de l'ecstasy et des amphétamines, connaissent actuellement une diffusion rapide grâce au développement du commerce électronique. Fabriquées en Chine par des chimistes rivalisant d'imagination, ces molécules sont acheminées le plus légalement du monde jusqu'en Europe, où les responsables de sites Internet assurent leur commercialisation à des tarifs très attractifs. Fondée sur un principe actif voisin de celui du khat, la méphédrone s'est ainsi imposée l'an dernier à travers l'Europe, jusqu'à ce qu'une série de décès suspects survenus ces derniers mois chez des consommateurs conduisent plusieurs pays à en interdire la consommation.
En France, c'est à l'automne 2009 que plusieurs correspondants régionaux de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) ont signalé l'apparition de cette substance, sous forme de poudre ou de gélules, dans certaines soirées électro. Simultanément, la surveillance des forums électroniques semble attester l'intérêt des jeunes usagers de stupéfiants pour ce nouveau produit. Enfin, la toute récente saisie par les douanes françaises de 200doses et 150 grammes de poudre confirment l'existence d'un trafic qui, dans d'autres pays d'Europe, a d'ores et déjà donné lieu à l'interception de milliers de gélules et de plusieurs kilos de poudre.
Responsable du pôle «tendances récentes et nouvelles drogues» à l'OFDT, Agnès Cadet-Taïrou souligne que «les données disponibles sont à la fois trop récentes et trop limitées pour que la diffusion de cette molécule en France puisse être précisément évaluée». «Compte tenu de la vitesse à laquelle la méphédrone s'est implantée en Grande-Bretagne, nous avons cependant fait le choix d'évaluer sans tarder les risques que présente cette molécule en terme de pharmacodépendance, d'abus et de santé publique», explique pour sa part Fabienne Bartoli. Si elle le juge nécessaire, la Commission nationale des stupéfiants pourrait ainsi recommander d'ici à quelques semaines le classement de ce produit au ministre de la Santé.
En Grande-Bretagne, l'interdiction programmée de la méphédrone suscite depuis plusieurs semaines une vive controverse entre experts médicaux. Certains médecins jugent en effet que l'implication de la méphédrone dans les accidents observés n'a pour l'heure pas été formellement démontrée. À ce jour, un seul cas d'overdose à la méphédrone a en effet été confirmé, en Suède, par une autopsie. D'un autre point de vue, certains spécialistes soulignent que l'interdiction de la méphédrone risque d'accroître encore sa récente notoriété, et d'encourager ainsi certains jeunes à en faire l'expérience. Enfin, plusieurs scientifiques soulignent les limites de la procédure de classement en matière de drogues de synthèse. «Si vous interdisez une molécule donnée, il y a de forts risques pour que les chimistes créent instantanément un produit presque similaire, dont la formule chimique ne sera cependant pas prohibée», relève Agnès Cadet-Taïrou.
Par Cyrille Louis
A suivre...