FUKUSHIMA - 28 mars 2011 - Quoi de neuf N°4
ACTUALITES FUKUSHIMA
ou "Y a-t-il un pilote dans l'avion ?" (15H27)
Fil d'information - En direct. Suivi des actu de la centrale de Fukushima Les mots "mox", "criticité" et "Tokaimura" ont été ajoutés. |
Pas de nouvelle, mauvaise nouvelle, pourrait-on dire. Le fait de disposer de très peu d'informations, ce jour à 08H15, indique au mieux un statu quo. Ce qui, à la lumière des informations de la veille (voir Quoi de neuf n°3), est plutôt alarmant. Tout se passe comme si TEPCO, le gestionnaire de la centrale de Fukushima, ne savait plus où en en est vraiment. La bourde de dimanche, avec des déclarations erronée d'un facteur 10, ne l'incite sans doute pas à faire des déclarations non vérifiées. Qu'en est-il du risque de fission incontrolée ? De l'état des cuves des réacteurs ? Il est à craindre que personne ne sache. Comme le titre France-Soir, une "inquiétude mondiale" s'intalle, comme si le monde retenait son souffle, avant une nouvelle étape vers une catastrophe encore plus importante. A cette heure, tout un chacun en est réduit à croiser les doigts en espérant. (mise en ligne de 8H22)
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Mise à jour de 16H00 : Encore moins rassurant !
Selon l’agence Kyodo, la compagnie Tepco a même demandé l’expertise d’EDF et d’Areva pour l’aider à stabiliser l'état des réacteurs. Le groupe nucléaire français a déjà apporté son assistance à sa consœur nippone, avec notamment l’envoi le 22 mars dernier d’un Antonov 225 chargé d’une aide d’urgence de 150 tonnes composée entre autres de trois camions de mesures des conditions environnementales et 6 870 couvertures, 972 000 masques de protection FFP2, des radiamètres, des combinaisons de protection, 10 pompes, 5 groupes électrogènes et 5 compresseurs fournis par EDF. «La situation est extrêmement critique, extrêmement sérieuse. Je vois bien que l'opérateur Tepco n'a pas réussi depuis huit jours à stabiliser la situation, a déclaré lundi le ministre de l'Industrie, Eric Besson, sur RTL. Tepco, pour la première fois, je m'en réjouis, il y a 36 heures, a demandé l'appui des industriels français concernés, en la circonstance EDF, Areva et le CEA (Commissariat à l'énergie atomique). Je trouve que c'est une bonne nouvelle».
La veille, Yukiya Amano, directeur général de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), avait admis dans une interview au New York Times qu’il s’agissait «d'un accident très grave, selon tous les critères». Et d’un laconique «et ce n'est pas fini» confirmé que malgré les efforts de la Tepco et du gouvernement japonais, un désastre écologique et humain était encore à redouter.
Le Parisien - 15H33 -La zone radioactive s'est étendue. Des taches de contamination radioactive sont présentes «bien au-delà» de la zone de sécurité de 30 km autour de la centrale de Fukushima, selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française. «Il n'est pas du tout étonnant qu'on trouve ici ou là des contaminations bien au delà d'un rayon de 100 km», précise même André-Claude Lacoste, président de l'ASN, selon qui la contamination va s'étendre sur «des zones considérables». Il ajoute que «la gestion des territoires contaminés va prendre des années sinon des décennies». |
Des propos extrêmement pessimistes, tant de la part du ministre de l'Industrie, Eric Besson, que du directeur général de AIEA (L'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) - la plus haute instance mondiale - sert de forum intergouvernemental mondial pour la coopération technique dans l'utilisation pacifique de technologies nucléaires). L'apport de 972 000 masques FFP2 complète le tableau. Le fait même de délivrer au compte-goutte des informations de plus en plus alarmistes, ne peut que nous faire penser que l'on nous habitue peu à peu au caractère inéluctable de la catastrophe à venir.
Masque FFP2 avec soupape.
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LE FIGARO - 8H52
L'exploitant de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, Tepco, a demandé "l'appui" de groupes industriels publics français pour faire face à la crise sur ce site,a déclaré ce matin sur RTL le ministre français de l'Industrie Eric Besson, pour qui la situation est "critique".
Le JDD - 10h57: De l'eau fortement radioactive
De l'eau fortement radioactive a été découverte à l'extérieur du bâtiment abritant le réacteur 2 et sa turbine dans la centrale nucléaire de Fukushima, a annoncé lundi un porte-parole de l'opérateur, Tokyo Electric Company (Tepco). "Nous avons retrouvé de l'eau accumulée dans des puits de regard d'une tranchée souterraine débouchant à l'extérieur du bâtiment, avec un niveau de radioactivité supérieur à 1.000 millisieverts par heure", a-t-il indiqué. Les puits sont situés à une soixantaine de mètres de l'océan Pacifique et l'eau contaminée pourrait avoir ruisselé jusqu'au rivage. De l'eau contaminée a également été trouvée à l'extérieur des bâtiments des réacteurs 1 et 3, mais à des niveaux de radioactivité très inférieurs.
IRSN - Aujourd'hui - 07H30
L'IRSN confirme des traces d'iode 131 en France
Les premières traces de contamination ont été confirmées samedi par l'Institut de radioprotection qui en coopération avec Méteo France avaient annonçé à partir du 24 mars, l'arrivée sur le territoire français de masses d'air très légèrement contaminées en provenance de la centrale de Fukushima au Japon.
Diluée, l’activité radioactive n’excéde pas 0,3 Bq/m3. Pour comparaison, après Tchernobyl, les valeurs mesurées en France, étaient de l’ordre de 1 à 10 Bq/m3.
GROSSE FATIGUE
Une annonce erronée de Tepco, sur la radioactivité à Fukushima, a semé la panique dimanche.
Plus de peur que de mal, pour cette fois en tout cas. La grosse frayeur suscitée, dimanche matin, par le fort taux de radioactivité relevé dans une nappe d'eau, échappée d'un réacteur de la centrale de Fukushima, résultait en fait d'une impensable erreur de Tokyo Electric Power (Tepco). Elle a été dénoncée par le gouvernement japonais, qui a jugé la confusion de Tepco "inacceptable".
Les dirigeants de TEPCO présentent leurs excuses.
Tout est parti de la déclaration d'un porte-parole de Tepco tôt dimanche matin. En faisant état d'un relevé de 1.000 millisieverts par heure, ce dernier annonce aux journalistes : "ce chiffre est 10 millions de fois plus élevé que le niveau de radioactivité de l'eau qui se trouve généralement dans un réacteur en bon état". Le personnel du réacteur 2 est alors évacué sur le champ et l'annonce alarmante est aussitôt reprise en boucle par les médias du monde entier.
FRANCE SOIR - Nucléaire : Une inquiétude mondiale
Deux semaines après la catastrophe naturelle qui a frappé le Japon, la situation de la centrale nucléaire de Fukushima reste imprévisible. Malgré la discrétion des autorités japonaises, l'inquiétude grandit et de nombreuses questions restent en suspens.
« Il y a aura forcément des conséquences en termes de contamination des sols et des eaux. Mais il faudra attendre que l'accident soit terminé pour évaluer la gestion future de ces sols », explique Olivier Gupta, directeur général adjoint de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN). Alors que la situation risque encore de « durer des semaines, voire des mois », selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
MOX
AGARO VOX
"Nous avons aujourd'hui connaissance de la quantité estimée de combustible dans les 4 réacteurs de Fukushima 1, soit 90 000 barres de combustible chargées dans les réacteurs 1 à 3, dont 32 880 de MOX dans le réacteur 3 et pas moins de 490 tonnes de combustible irradié usagé dans les piscines (15)."
L'article suivant s'il peut inquiéter par son évocation du pire, alors qu'il faut tenter de garder la tête froide, apporte des informations intéresantes sur le MOX et l'un de ses composants, le plutonium :
"Alerte Plutonium Fukushima 3 - MOX et INTOX"
par NEXT-UP ORGANISATION
FUKUSHIMA ALERTE PLUTONIUM
Le MOX, pour "Mixed Oxydes" est un combustible hautement toxique et dangereux composé d’environ 6 à 7 % de dioxyde de plutonium récupéré en "retraitant" du combustible nucléaire usé qui est mélangé à du dioxyde d’uranium neuf appauvri.
Le MOX entre plus facilement en fusion que les combustibles classiques, il est utilisé dans 20 des réacteurs du parc nucléaire français.
Le problème majeur est que le plutonium du MOX est très toxique à court et à long terme.
En voies aériennes, on estime qu'une quantité de l'ordre d'une dizaine de milligrammes provoque le décès d'une personne ayant inhalé en une seule fois des oxydes de plutonium. La relation dose-effet mise en évidence comporte un seuil d'apparition des tumeurs au poumon pour une dose millésimale, de plus une part importante inhalée passe des poumons au sang qui le diffuse vers d'autres organes (ganglions lymphatiques, foie, etc …), plus ou moins vite selon la taille des particules, pour aboutir aux cancers.
Selon sa composition isotropique il est capable de contaminer des masses considérables d’eau de mer pour plus d’un siècle qui correspond au mieux à sa demi-durée de vie et au pire pour 240 siècles !
Le plutonium qui est produit par le coeur des réacteurs nucléaires sous l’effet du flux de neutrons, fait non seulement partie des éléments présentant une radiotoxicité très élevée, mais tous les isotopes et autres composés issus du plutonium sont aussi classés très toxiques et radioactifs.
Ce qui rend particulièrement dangereux le plutonium est, entre autres, la forte énergie de ses émissions de particules alpha d’une valeur de 5 MeV à comparer au 0,02 MeV du tritium.
D’après les informations de dernière minute le vieux réacteur 3 de Fukushima Dai Ichi est entré partiellement en fusion, un risque de désintégration est une hypothèse qui n’est non pas à exclure, mais dans le domaine du probable. Cela aurait pour conséquence un rejet massif dans l’environnement et dans l’atmosphère de particules hautement radiotoxiques.
Le pire étant que le réacteur 3 avec 784 MW est 1,5 fois plus puissant que le réacteur 1 de 460 MW chargé avec de l’uranium enrichi, ce qui signifie que son chargement en combustible, donc en plutonium, est beaucoup plus conséquent, avec en parallèle une chaleur dégagée à l’arrêt nettement plus importante à gérer.
Mais il y a pire que pire dans un des scénaris possibles avec le réacteur 3 de Fukushima : Le combustible MOX qui est un mélange à un point de fusion nettement plus bas que les autres combustibles dit classiques, en conséquence dans une configuration accidentelle comme actuellement le risque dit de criticité, c’est à dire l’enclenchement d’une réaction nucléaire en chaîne incontrôlable est beaucoup plus important.
D’autres problèmes collatéraux aggravent encore la situation pour "les pompiers de service" qui se sacrifient pour éviter que la cuve ne fonde pas, en effet l’eau mélangée au bore qui sert à atténuer les effets d’échauffement de la radioactivité (absorbe les neutrons) est d’une efficacité moindre avec le MOX.
Coté chiffres, ils sont effrayants, la masse de plutonium présente dans le réacteur 3 du site nucléaire de Fukushima Dai Ichi est considérable, elle se chiffre à plusieurs centaines de kilogrammes, une catastrophe planétaire inégalée créée par l’homme est donc possible pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.
Pendant ce temps, même en zappant pas moyen d’y échapper, sur les plateaux de télévision un tandem composé d’un monsieur qui "sait tout" appelé Eric Besson, accompagné par l’inoxydable NKM qui ne sait rien, mais qui parle beaucoup pour ne rien dire, n’évoquent évidemment pas le MOX, mais sont les rois de l’INTOX.
Avec le MOX Français d’AREVA au Japon mieux vaut actuellement adopter un profil bas ! Ce tandem irréel veut rassurer et ressasse à qui veut l’entendre que ce n’est pas la partie nucléaire qui a failli sur les réacteurs de la centrale de Fukushima Dai Ichi, mais les tuyaux, c'est-à-dire les systèmes de refroidissement et de secours inclus à cause du tsunami, cela est hautement inenvisageable en France, etc …
Certaines problématiques des risques issues des catastrophes naturelles majeures sont par essence ingérables, en conséquence gérer une centrale atomique avec un risque zéro est donc impossible : Ce postulat et actualité obligent, les personnes en charge de responsabilités devraient en tirer les conclusions qui s’imposent.
Andréas Heumann, chercheur au CNRS a déclaré : "Le problème avec le nucléaire, c'est que cette technologie n'est pas maîtrisable, on peut arriver à garder le contrôle dans des conditions normales. Mais il y a tellement de situations anormales qui peuvent survenir".
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Malheureusement dans le cas du site nucléaire de Fukushima, la "hiérarchie catastrophe" peut atteindre un paroxysme avec le réacteur 3 de 34 ans d’âge qui a été chargé pour la première fois en combustible MOX fourni par AREVA en août 2010.
Dans le quotidien JAPAN TO DAY du dimanche 22 août 2010 il était écrit en titre : "La compagnie électrique de Tokyo a chargé en combustible MOX le vieux réacteur de Fukushima"
"La Tokyo Electric Power Co (TEPCO) a chargé du combustible oxyde mixte de plutonium-uranium (MOX) ce samedi dans un réacteur de sa centrale nucléaire de la région de Fukushima en vue de la plus grande production d'électricité de réaction nucléaire réalisée au plutonium au Japon. "Le réacteur du numéro 3 de la centrale N°1 de Fukushima sera le troisième au Japon à passer à la génération dite Pluthermal (Plutonium-Thermique), mais le seul parmi les trois à avoir été soumis à un traitement anti-vieillissement depuis son activation, car il est âgé de 34 ans"
Sous l’article deux commentaires explicites : ". . . l’incompétence au Japon est élevée au niveau maximum, de cette façon elle fait courir un grand danger pour l’humanité" . Le deuxième commentaire était prémonitoire : "Maybe they forgot to tell everyone how they've determined there will never be any more earthquakes. Idiots are indeed correct. Likely long-term pain for short term gain"
"Peut être qu’ils devraient dire comment ils ont déterminé qu’il n’y aurait jamais de tremblement de terre. Dire que se sont des idiots est juste. Il y aura probablement des douleurs sur le long terme pour des gains sur le court terme"
Dans un autre article du JAPAN TO DAY daté du 18 septembre 2010, ayant pour titre : "La production d’électricité Pluthermal (Plutonium-Thermique) commence à la centrale de Fukushima 1"
"Lors de l’activation la compagnie a indiqué qu’elle a eu des difficultés à démarrer le réacteur n ° 3 de la centrale située à Fukushima et a reporté l'activation initialement prévue pour vendredi soir. "La compagnie a déclaré que le voyant d'alarme indiquant des conditions anormales de la vanne de commande des tuyaux pour le système de refroidissement d'urgence ne fonctionnait pas correctement."
En mars 2011, au vu des événements cette information prend une toute autre dimension.
Fil d'information - En direct. Suivi des actu de la centrale de Fukushima Les mots "mox", "criticité" et "Tokaimura" ont été ajoutés. |