Gilets jaunes - JOUR 76 : la lutte des classes s'amplifie / pouvoir d'achat en baisse / Acte XII
SEULE LA PEUR FAIT RECULER LES NANTIS
Seule la violence fait peur et seule la peur fait reculer les nantis. Toute l'histoire de la lutte des classes le montre. Dès lors que des élus ont été menacés, que des effigies de Macron ont été pendues ou brûlées, la panique s'est emparée de celles et ceux qui ont des privilèges à perdre. L'article "Lutte de classes en France", à la une du Monde diplomatique N°779 daté février 2019, en kiosque, apporte cette morale à l'histoire que nous vivons.
Serge Halimi et Pierre Rimbert, les auteurs, racontent la panique des riches via un journaliste proche des milieux d'affaires qui raconte : "tous les grands groupes vont distribuer des primes, parce qu'ils ont vraiment eu peur à un moment d'avoir leurs têtes sur des piques".../..."ils avaient appelé le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, en lui disant "tu lâches tout, tu lâches tout, parce que sinon...", Ils se sentaient menacés physiquement".
A côté des journalistes qui défendent le peuple, il y a ceux qui ont choisi l'autre camp, celui des riches : il n'y a pas pire défenseur de la bourgeoisie que ceux qui, en une ou deux générations, ont échappé à la misère qu'ont connu leurs parents. Ces journalistes bourgeois sont les nouveaux (petit) riches, les parvenus de fraîche date, les enrichis lèchebottiques des plateaux télé. Alors à la peur, à la boule au ventre inattendue, succède le défoulement, le "retour du refoulé" dirait tonton Sigmund. Et ils se lâchent !:
LA HAINE, VERSION 75-008
Que leurs insultes au peuple restent à jamais associées à leurs noms :
Les CRS : "Qu"ils se servent de leurs armes une bonne fois" (Luc Ferry)
"Gilets jaunes : la bêtise va-t-elle gagner ?" (Sébastien Le Fol - Le Point 10 janvier)
"Les vrais Gilets jaunes se battent sans réfléchir, sans penser" (Bruno Jeudy - BFMTV, 8 décembre)
"Les bas instincts s'imposent au mépris de la civilité la plus élémentaire" (Vincent Trémolet de Villiers - Le Figaro, 4 décembre)
(Un autre monde qui a tellement soif de noblesse que le 29 avril 1960, les Trémolet demandèrent – heureusement sans succès - l'autorisation d'adjoindre à leur patronyme le nom "de Villers" - Wikipedia)
"des hordes de minus, de pillards".../..."rongés par leur ressentiment comme par des puces" (Franz Olivier Giesbert)
"pulsions malsaines" (Hervé Gattegno)
"Combien de morts ces nouveaux beaufs auront-ils sur la conscience" (Jacques Julliard)
On est des bêtes, les amis ! Des loups, des hyènes, les gilets jaunes ! Et vous ne le saviez pas !
DES BÊTES EN JAUNE ET DES BRUTES EN NOIR
C'est que le peuple, dans l'esprit de la racaille bourgeoise, est fait pour travailler et la fermer. Et en retour, la bonne bourgeoisie (comme celle des Chartrons à Bordeaux, arrière petits-enfants des enrichis par le triangle de l'esclavage) peut avoir un sentiment de pitié engendrant la charité. Mais là, ces gilets jaunes, les "bêtes" et les "brutes" qu'ils tolèrent dans leurs rangs, ils empêchent de magouiller en rond, de s'en foutre plein les poches en dormant, empêchent de profiter d'une impunité couverte par Macron lui-même comme Benalla le raconte sur la nouvelle bande son révélée par Médiapart : "Et il a dit comme ça [Macron], il a dit, il m’a dit : 'Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux.' C’est énorme quand même!”. Ah oui ! C'est énorme en effet. No limit ! Un Benalla même pas mis en examen pour les coups et blessures du 1er mai, alors que Christophe Deittinger, le boxeur du pont Senghor, reste en tôle et qu'un policier torpille les dénis de l'état en reconnaissant avoir utilisé son LBD. Mais cela ne suffit pas : "rien ne dit qu'il l'a visé" dit le Préfet de Paris...Ou la balle a rebondi, qui sait.
AUCUN ARGUMENT NE PEUT ANNULER CE QUE VIVENT LES GILETS JAUNES
Les gilets jaunes sont surtout poussés à bout, mis en colère par une humiliation de trop, parce qu'ils voient bien que le courage, tant vanté par la bourgeoisie, n'aboutit qu'à une forme de survie. Le courage ne paie pas ! Et que le pouvoir d'achat fond comme neige au soleil. Certains ont faim. Et certains dorment dans leurs voitures. Les faits sont têtus ! Aucun argument, aucune astuce de langage, rien, rien ne peut annuler la réalité de ce que vivent les gilets jaunes. Et l’opinion publique le sait. C’est la force du désespoir mais c’est notre force,.
"L'urgent, c'est que les gens rentrent chez eux" panique tout à coup Ruth El Krief sur BFMTV.
A défaut qu'ils rentre chez eux, on peut aussi les faire asseoir autour d'une table et les laisser transformer leur colère dévastatrice en mots. Ah oui les mots, on va les noter sous leurs yeux, ils seront contents. C'est que les mots, le langage, c'est l'arme de la classe dominante, l'outil acquis depuis l'enfance en milieu aisé. Celle qui reproduit à l'infini le système, de génération en génération, comme le démontre Pierre Bourdieu dans son livre "Les héritiers" ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_H%C3%A9ritiers_(sociologie)), et fait qu'il y a 100 fois moins d'ouvriers députés à l'Assemblée Nationale que dans la réalité. Transformer la colère en mots : ouf ! Tout comme à Science Po où l'ENA on apprend la prise de parole et cette nécessaire cette troisième langue qu'est la langue de bois.
UN JOUR NOIR POUR LA DÉMOCRATIE
La loi anti-casseur va passer, avec un transfert de compétence de la Justice vers l'Intérieur : le préfet pourra imposer des interdictions administratives de manifester. Le visage masqué vaudra un an de prison et 15000 € d'amende. A noter des quelques députés de LREM s'opposent à cette loi dangereuse, mais le mal est fait. Le pouvoir croit pouvoir imposer aux gilets jaunes des manifestations traîne-savate, style CGT, encadrée par un service d'ordre, lui-même encadré par les CRS, les hélicos au-dessus et la brigade des égouts en dessous. Le genre de manifestation qui fait 5 secondes le soir à la télé ! Je crois qu'ils rêvent et qu'ils tendent le ressort de la violence bien qu'ils prétendent le contraire.
ET LE POUVOIR D’ACHAT CONTINUE DE PLONGER
Pour commencer avec une loi alimentation, sans doute obscurcie à dessein, qui va faire augmenter certains prix dans les grandes surfaces sans que personne ne soit sûr que les agriculteurs en verront les retombées ! Alors qu'elle devait fixer les prix au sortir du champ ou de l'étable. Idem pour les autoroutes, vendues à moitié prix par un certain De Villepin, et dont les péages dès demain vont augmenter de 1,08% à 2,19% selon les calculs de capital.fr. A nouveau le pouvoir d'achat va baisser et rien n'a été fait pour le préserver durablement. Lamentable Macron qui croît encore échapper à la colère des villes et des champs. Grossière erreur !
Paul KEIRN